Les maisons de disques ont été habituées à contrôler la chaîne de diffusion de leurs œuvres. Au nom de leur sacro-saint droit d’auteur, elles autorisent ou refusent la diffusion de leurs chansons, en imposant leurs conditions. Mais les majors se trouvèrent fort dépourvues quand le net fut venu. Pas un seul petit morceau de royalties, elles furent perdues. Elles se sont donc attaquées avec fureur à ce Napster qu’elles ne contrôlaient pas, envoyant armées et garnisons s’occuper des troupes ennemies. Les internautes, c’est sûr, seraient battus.
Napsterloo, Napsterloo ! Morne plaine.
Comme une onde qui boue dans une urne trop pleine
Ce fut la débâcle. L’ennemi peu à peu gagnait du terrain. Il fallait nouer de nouvelles alliances, séduire les nouveaux royaumes avant qu’ils ne furent eux-mêmes conquis.
C’est ainsi que, nous apprend News.com, EMI tente actuellement de convaincre l’Américain YouTube et d’autres services de vidéo comme Ravver de se rallier à sa cause. Inconnu il y a encore un an, YouTube s’est imposé comme une figure incontournable du web 2.0. Le site permet à tout internaute de publier très facilement ses vidéos, et permet aux bloggeurs de les diffuser à leur tour en quelques clics. Evidemment, nombreuses sont les vidéos diffusées dont les droits d’auteurs n’ont pas été négociés. En particulier, les clips de chansons remportent un grand succès sur la plate-forme. Mais EMI, plutôt que de convoquer marteaux et burins pour exiger la fermeture d’un service cher aux internautes, cherche plutôt à négocier avec le service pour en tirer quelques revenus. « Nous avons bon espoir que les relations commerciales nous aiderons à supprimer les contenus qui violent nos droits d’auteur et pour lesquels nous n’avons pas de compensation« , a indiqué lors d’une conférence Thomas Ryan, vice-président de la stratégie numérique et mobile de EMI Music. L’objectif est de garder sur YouTube uniquement les contenus qui servent à la promotion des artistes, qui incitent à la vente, et de partager les revenus publicitaires sur les autres. Selon Ryan, des technologies de fingerprinting comme celles de Audible Magic ou Snocap pourraient être utilisées pour filtrer automatiquement les contenus.
Du côté de DailyMotion, on joue la prudence. Le service français n’exclue pas le filtrage machine, mais croit dans la conjonction entre un filtrage logiciel et une modération humaine, forcémment plus coûteuse. La société nous confie qu’ils ont déjà amorcé de premières discussions avec les maisons de disques. Elle doit rencontrer les responsables d’une grande maison de disques dans les prochains jours, et ne ressent aucun rapport de force. « Elles ont compris qu’elles ont plutôt intérêt à apporter eux-mêmes des clips sur DailyMotion« , ressent Nathan Guetta, directeur de produit chez DailyMotion. La société ne cache absolument pas ses ambitions et souhaite partager avec les ayant droits les revenus publicitaires permis par la diffusion de leurs contenus. La vidéo payante, souhaitée jusqu’à présent par les producteurs, n’est pas à l’ordre du jour, même si DailyMotion dit y penser « de loin ». « Pour le moment nous nous concentrons exclusivement sur les aspects communautaires, sur la qualité du service apporté« , insiste M. Guetta.
Pourra-t-on contrôler la diffusion de contenus dérivés des œuvres des maisons de disques, comme les lip-sync (concours de play-backs) ou autres montages ? Et surtout les maisons de disques pourront-elles y trouver une source de rémunération ? « Probablement non« , indique DailyMotion.
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