À l’approche du procès déterminant pour l’avenir de la voiture autonome — prévu en octobre 2017 — entre Waymo, la filiale de Google dédiée à cette technologie, et Uber, les derniers documents dévoilés dans ce conflit juridique pourraient bien donner l’avantage au service de VTC.
Celui-ci est en effet accusé de longue date par Waymo de lui avoir dérobé ses secrets technologiques, notamment — mais pas exclusivement — en ayant récupéré 14 000 fichiers relatifs à la voiture autonome. Elle y serait parvenue grâce au rachat de Otto, une startup de camion autonome fondée par Anthony Levandowski, un ancien ingénieur de Waymo. Sa startup aurait, selon Google, uniquement fait office de coquille vide permettant à Uber de mettre la main sur ce savoir-faire technologique dérobé par Levandowski avant sa démission, manière détournée .
Or, la publication du témoignage d’un ingénieur de Google recueilli par l’un des avocats de l’entreprise en quête de précisions sur le comportement de Levandowski avant sa démission, jette désormais une autre lumière sur ces documents. À l’en croire, ces 14 000 fichiers sont en effet loin de contenir des informations cruciales.
« Sans réelle valeur »
Dans un mail, l’ingénieur de Google explique ainsi : « Il s’agit de conception électronique — des schémas et des dessins de circuits imprimés –, et de la bibliothèque de composants relatifs [au projet]. C’était tellement considéré comme sans réelle valeur qu’on avait même envisagé de le retirer de l’infrastructure Google. » En raison, notamment, de la « hiérarchie » en vigueur dans le milieu : « Historiquement, en tout cas, les algorithmes et les logiciels ont toujours été les plus importants. Le matériel (à tous les niveaux) a toujours été de seconde zone. Peut-être que les avis [sur ce sujet] ont changé. »
Anthony Levandowski a notamment copié une base de données entière concernant le Lidar, un outil de navigation essentiel à la voiture autonome qui fonctionne en analysant les faisceaux de lumière.
Mais l’ingénieur interrogé n’a pas non plus trouvé son comportement particulièrement étrange au sein de l’équipe : « C’était un manager haut gradé, qui ne réalisait aucune contribution technique à [notre] niveau. Il n’y avait rien de surprenant à ce qu’il vérifie certaines choses à l’occasion d’un fantasme déplacé d’apporter sa contribution individuelle, ou en jetant un œil au progrès d’un appareil. Mais ça ne faisait clairement pas partie de ses habitudes. Il n’avait rien d’alarmant à mes yeux. »
Uber se félicite de ce rebondissement
Sans surprise, Uber s’est félicité de la publication en version longue de ces mails — jusqu’ici dévoilés par Google dans une version raccourcie. Dans un communiqué, l’entreprise de VTC affirme ainsi : « Google a fondé ses poursuites pendant des mois sur ces 14 000 fichiers dont il clamait l’importance cruciale. Et là, nous découvrons, grâce à des mails internes, que Google savait depuis le début que ces fichiers sont considérés comme ‘peu importants’. C’est pour ça que Google s’est farouchement battu pour garder secrets ces mails aujourd’hui rendus publics. »
De son côté, Google pointe du doigt la date d’envoi de ces mails, rédigés avant que l’ingénieur en question ne sache qu’Anthony Levandowski avait tenté de dissimuler le vol de fichiers. En conséquence, l’entreprise appelle à regarder ces documents avec le recul nécessaire : « [Ces] mails expriment de premières impressions au sujet d’un ensemble de faits limité, au tout début de l’enquête. Comme nous l’avons appris plus tard, Levandowski a téléchargé ces files à l’époque exacte où il a rencontré Uber et tenté d’effacer ses empreintes numériques, ce qui laisse penser qu’il était conscient de dérober des éléments importants. »
Google n’entend pas baisser les bras : « Le vol flagrant des fichiers de Waymo n’est qu’une preuve parmi beaucoup d’autres démontrant qu’Uber utilise des secrets industriels volés à Waymo. »
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.