Assiégé par les reproches durant l’hiver 2016, à la suite de l’élection de Donald Trump, Facebook avait engagé un nouveau cycle de développement qui selon les mots de Mark Zuckerberg devait rapprocher le réseau de la « vie communautaire » afin de se rendre utile aux citoyens, à l’image de son Safety Check.
Des dons facilités…
Après avoir testé un dispositif dédié aux dons caritatifs, le réseau annonce ce mardi le lancement, pour le 25 septembre, d’un beta test français du système. La Fondation de France, les Restos du Cœur, l’UNICEF ou encore l’Action Contre la Faim seront les premières associations à participer au programme du géant.
Ces dernières pourront, dès fin septembre, utiliser des outils mis en place pour lever de l’argent : un simple bouton faire un don, un outil fundraisers qui permet d’organiser des collectes pour et avec des associations, et enfin, un système de don durant les Facebook Live.
L’outil fundraisers devrait, à terme, être accessible à chaque utilisateur : l’entreprise écrit qu’ainsi, « les utilisateurs ayant indiqué leur date de naissance peuvent aussi lever des fonds pour une association lors de leur anniversaire auprès de leurs amis. »
Les donations durant les directs seront, elles, réservées aux pages et utilisateurs certifiés par le réseau social. Utilisé lors de drames, comme la levée de fonds pour les victimes du terrorisme à Manchester, ou plus récemment, les ouragans frappant aussi les États-Unis, l’outil a déjà fait preuve de sa simplicité et de son efficacité. Selon Facebook, plusieurs millions auraient déjà été collectés ainsi.
Notons qu’en fonction de la législation en vigueur dans les pays, l’abattement fiscal concernant les donateurs sera possible grâce à un reçu délivré par Facebook. Ce dernier inclut le nom de l’organisation, son logo, sa mission et son numéro EIN.
… Mais à un coût certain
Toutefois, ces nouveaux outils posent questions : malgré leur objectif caritatif, l’entreprise américaine n’hésite pas à prélever de lourds frais sur chaque don réalisé sur ses outils.
Le réseau social annonce en effet que 5 % des dons seront pris par l’entreprise, qui se justifie ainsi : « Nous avons appliqué des frais limités à nos organisations caritatives en leur offrant des produits qui permettent la vérification de la collecte et assurent la sécurité, la prévention contre la fraude, des frais opérationnels et la prise en charge des paiements ».
Contactée par Numerama, l’entreprise argumente qu’elle ne compte faire aucun profit sur ces opération et que les frais permettent seulement au système d’être durable dans le temps et d’assurer les frais engagés par Facebook en matière de vérification et lutte contre les fraudes, ajoutant : « Sur ces frais, 3,5 % servent à couvrir les coûts liés à la vérification de l’organisation à but non lucratif, à la protection contre la fraude, aux opérations et à l’assistance relative aux paiements. Les 1,5 % restants servent à couvrir les frais liés au traitement des paiements. » Avant de conclure : « Nos frais sont comparables à ceux des autres plateformes ».
Des frais qui laissent songeurs dans un secteur destiné à être non lucratif. Ajoutons par exemple que lors du Z Event qui réunissait des streamers pour la Croix Rouge, la plateforme Streamlabs ne prélevait pas de frais.
En outre, le géant du paiement numérique pour le secteur lucratif, PayPal, ne propose pas de frais aussi importants (à l’exception des biens numériques qui sont régulés différemment). Autre exemple : la plateforme française Leetchi ne dépasse pas les 4 % de commission et cela, dans le cas de cagnotte au montant dépassant les 2 000 €.
En somme, Facebook ne se prive pas pour imposer des frais importants à des dons caritatifs alors même que chaque interaction sur le réseau social, comme la consultation des pages et des directs, est déjà rémunératrice grâce à la publicité du réseau.
Enfin, un détail reste à éclaircir : l’admissibilité des associations pour le programme. Pour le moment, Facebook juge que toutes les associations enregistrées selon la loi française seront admissibles mais si nous considérons l’ensemble des associations dites « loi 1901 », nous obtenons un vivier d’assemblées très hétéroclites. Le même laxisme quant aux associations avait conduit PayPal à stopper, après l’avoir admise, la collecte de Génération Identitaire — une association d’extrême-droite qui souhaitait financer son navire anti-migrants en Méditerranée.
Contactée, l’entreprise précise qu’elle analysera chaque candidature « à la main » en identifiant les activités de l’association et exigeant l’ensemble des documents administratifs prouvant le statut d’association. Néanmoins, le réseau exclut de se limiter aux assemblées qualifiées d’utilité publique par l’État : il est donc encore difficile de s’assurer que toutes les associations admises seront bel et bien caritatives et moralement irréprochables.
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