46 % de joueuses, 15 % de salariées. Les femmes sont encore peu représentées dans l’univers du jeu vidéo, questionnant la capacité de cette industrie à développer des solutions pour que les professionnelles du secteur s’y sentent légitimes et parfaitement intégrées.
Alors que presque la moitié des joueurs français sont en fait des joueuses, les femmes restent moins représentées que leurs homologues masculins. Pour améliorer leur visibilité sur le territoire hexagonal, une initiative vient d’émerger dans la sphère associative : Women in Games.
« Lever les barrières »
« Women in Games France est une initiative collective de femmes et d’hommes de l’industrie du jeu vidéo dont l’ambition est de lever les barrières à l’entrée des femmes dans ce secteur en France, annonce Audrey Leprince, présidente de l’association, et co-fondatrice du studio The Game Bakers. Nous voulons encourager les femmes à faire carrière au sein de l’industrie à travers des initiatives basées sur la formation, la sensibilisation et l’entraide. »
Officiellement annoncée le 13 septembre 2017, Women in Games se donne ainsi pour mission de « promouvoir la mixité dans l’industrie du jeu vidéo français. » L’association, qui pratique l’écriture inclusive, précise sur son site être « indépendante, ouverte à tou.te.s les professionnel.le.s et étudiant.es dans le développement, l’édition, les métiers supports, les médias ou l’e-sport, du côté des indépendants aussi bien que des grands groupes. »
Peu de femmes sur scène et dans le public
L’idée de créer une telle association traverse l’esprit d’Audrey Leprince à la faveur de sa rencontre avec Julie Chalmette, directrice générale de Bethesda France et présidente du SELL. « Nous avons assisté ensemble l’année dernière à une cérémonie de remise de prix pour le jeu vidéo en France, nous raconte Audrey Leprince. On a fait le constat qu’il y avait bien peu de femmes sur scène et dans le public. On a aussi parlé de nos parcours personnels et des questionnements qui ont pu les jalonner, pour certains liés au fait que nous étions des femmes dans cette industrie. »
Regrettant l’absence d’une initiative française comparable au regroupement international Women in Games, les deux professionnelles tombent d’accord pour créer une association. « L’enthousiasme rencontré à chaque fois qu’on évoquait le projet nous a bien confirmé que c’était quelque chose d’attendu en France », poursuit la présidente.
Mobiliser les professionnelles du secteur
Women in Games invite dès à présent les personnes intéressées, femmes et hommes, à devenir membres de l’association de manière gratuite — pour ce faire, il vous suffit d’adresser un mail à l’association. Une mobilisation nécessaire pour donner aux femmes la visibilité qu’elles méritent autant que leurs homologues masculins au sein de l’industrie, alors qu’elles ne s’en sentent pas toujours légitimes.
« Nous sommes face à un double problème : il n’y a pas suffisamment de femmes dans le développement, mais elles sont aussi difficiles à mobiliser. C’est pour cette raison que nous avons commencé par créer un annuaire de femmes volontaires pour intervenir dans les conférences, lors d’interviews ou même dans les écoles de jeu vidéo, dans le but d’inspirer celles qui souhaiteraient faire carrière dans notre secteur. Mais nous voulons aussi créer un cadre bienveillant et motivant pour toutes celles qui hésitent encore, mieux comprendre leurs freins pour contribuer à les lever », détaille Audrey Leprince.
Cette motivation et cet enthousiasme sont portés par les professionnelles à l’origine de l’association. Audrey Leprince souligne ainsi que les évolutions du secteur sont favorables à un rééquilibrage vers davantage de mixité chez les spécialistes du jeu vidéo : « On a bien vu l’impact positif de l’arrivée des nouvelles générations de créateurs et créatrices sur la scène des jeux indés ces dernières années. De plus en plus de jeux faits par des femmes, c’est encourageant ! »
De plus en plus de jeux sont faits par des femmes, c’est encourageant !
Le premier objectif que s’est donné Women in Games à l’orée de sa jeune existence est donc de rassembler dès à présent des femmes de l’industrie du jeu vidéo lors de tables rondes, interviews et autres événements. « En dehors de la liste des intervenantes, nous réfléchissons actuellement à un programme ambitieux pour mettre en avant des ‘role models’ féminins du jeu vidéo français auprès des femmes déjà intéressées par le secteur, mais aussi plus largement auprès des jeunes femmes qui pourraient s’y intéresser et hésitent ou se découragent », nous confie Audrey Leprince.
S’adresser aux plus jeunes
« Ensuite il nous semble aussi important de revenir aux sources mêmes du problème en s’adressant aux petites filles le plus tôt possible, car les études montrent que les stéréotypes de genre s’installent très tôt sur les choix de carrière, dès la petite enfance. Le jeu vidéo peut-être un formidable outil pour l’initiation au code par exemple. Des associations oeuvrent déjà dans ce sens, et nous voulons nous inscrire dans la continuité de leurs actions. Nous mènerons notamment des actions de sensibilisation envers les jeunes filles et leur parents lors du salon Paris Games Week qui se tiendra fin Octobre à Paris. »
Si l’idée de rejoindre dès à présent Women in Games France vous tente, mais que vous n’osez pas, Audrey Leprince a un dernier mot d’encouragement pour vous. « C’est impressionnant de constater les freins que les femmes peuvent se mettre elles-mêmes, avec parfois des hésitations ou des comportements qui sont beaucoup moins répandus chez leurs collègues masculins. Alors bien sûr nous allons mettre en place des formations et de l’accompagnement individuel, mais j’aurais surtout envie de dire aux femmes d’arrêter d’hésiter, et d’y aller ! », conclut-elle.
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