La semaine dernière, Bill Gates livrait une interview au Wall Street Journal. Le futur retraité de chez Microsoft s’est alors laissé guider tout droit dans un piège tendu par l’incroyable difficulté de gérer les droits d’auteurs sur Internet. En évoquant les vidéos qu’il regarde sur le service YouTube, Bill Gates avoue avoir, à l’insu de son plein gré, piraté des vidéos.
WSJ : Vous regardez des cours de physique et Harlem Globetrotters [sur YouTube] ?
B.G : Cette espèce de réseau social vous emmène à des endroits insensés.
WSJ : Mais ces contenus là ont été volés, non ?
B.G : Volé n’est pas le bon mot. C’est du contenu copyrighté pour lequel le titulaire des droits n’a pas été payé. Donc oui.
Sur YouTube, comme sur l’ensemble des services du même genre, circulent de très nombreuses vidéos postées par les internautes sans que personne ne paye les droits d’auteurs à des titulaires de droits parfois inconnus. L’industrie du divertissement, pourtant, ne s’attaque pas à ces services qui ressemblent davantage aux diffuseurs classiques avec lesquels elle a l’habitude de négocier. Elle se dit qu’elle pourra, le temps venu, transformer ces services en nouvel El Dorado, comme elle l’a fait au temps du magnetoscope. Contrairement aux réseaux P2P, les vidéos sur YouTube sont diffusées par un acteur bien déterminé et n’attérissent pas sur le disque dur de l’internaute. Le filtrage est donc beaucoup plus réaliste et le chéquier beaucoup plus accessible. EMI Music l’a bien compris et est déjà entré en négociations avec le service américain, tandis que le Français DailyMotion a débuté de premières discussions avec les maisons de disques.
Mais le marché et la main invisible de Smith vont-ils suffir à légitimer ces services de vidéos ? Ou faudra-t-il un jour revoir les règles du droit d’auteur pour que les internautes n’aient plus peur de désigner les ayant droits lorsqu’ils diffusent une œuvre ? Le jour où les internautes auront le droit de diffuser librement des œuvres protégées par le droit d’auteur, les mécanismes seront largement simplifiés pour permettre d’identifier les œuvres et de rémunérer les ayant droits à hauteur de leur diffusion…
C’était une des idées phare de la licence globale, qui fût jetée pied au derrière par la fenêtre, et sera tôt ou tard invitée à revenir par la porte.
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