Il y a un an presque jour pour jour, la Cour Suprême des Etats-Unis rendait un arrêt remarqué contre Grokster et Morpheus. Douze mois plus tard, Morpheus se prépare à affronter de nouveau les tribunaux, et clame sa légalité.

Le 27 juin 2005, la Cour Suprême des Etats-Unis rendait un arrêt de jurisprudence qui devait changer la face du monde, ou au moins celle du piratage. C’était en tout cas l’espoir de l’industrie du divertissement, qui a poussé un grand ouf ! de soulagement lorsque les sages de la plus haute juridiction américaine ont condamné Grokster et l’éditeur de Morpheus, StreamCast. Pour la première fois, les pontes d’Hollywood bénéficiaient d’une base juridique pour attaquer les éditeurs de logiciels de P2P.

WinMX, BearShare, LimeWire, eDonkey… l’industrie a tiré sur tout ce qui avait une existence légale aux Etats-Unis, et a laissé se développer le seul outil de peer-to-peer avec lequel elle ne peut pas négocier : eMule. En moins d’un an le logiciel open-source est devenu numéro un du partage de fichiers, devant BitTorrent avec lequel l’industrie du cinéma a fini par négocier. Malgré les allégations de la RIAA, le P2P a continué de croître, et surtout de nouveaux outils d’incitation à la violation des droits d’auteurs se sont développés massivement : MySpace, YouTube, Google Video, les audioblogs, …

Le droit d’auteur n’a jamais été autant chahuté que dans les douzes derniers mois, et pourtant l’industrie du disque est parvenue à accroître ses revenus, et la VOD a commencé à se développer.

Morpheus, formellement visé par l’arrêt de la Cour Suprême, n’a lui pas tremblé depuis sa condamnation. Interrogé par Sally Hawkinks sur p2pnet.net, le Président de StreamCast Michael Weiss rappelle qu’il doit à nouveau affronter les tribunaux mi-juillet. L’affaire a été renvoyée devant les tribunaux d’instance par la Cour Suprême, et Weiss compte bien convaincre les jurés que son activité est légale. « Nous aurions pu relocaliser notre société dans différents pays étrangers si nous avions pensé que ce nous faisions était illégal. Cependant, nous avons toujours pensé depuis le premier jour que ce que nous faisions était 100% légal et nous sommes restés aux USA pour affronter de pleine face toute contestation« , assure-il. Pour Michael Weiss, qui a dépensé plus de 4 millions de dollars pour la défense de Morpheus, « il est temps d’arrêter de dépenser de l’argent sur des procès, et de commencer à le dépenser sur des solutions« . « Les juristes ne seront pas ceux qui trouveront les solutions« , assure-t-il.

Un jardin commun pour le P2P et l’industrie culturelle

Le patron de Morpheus est convaincu que l’industrie du disque et du cinéma finira par reconnaître l’intérêt du P2P pour leurs affaires. Il rappelle qu’une étude publiée par Strategy Analytics conclue que les majors comme Disney, Sony, Warner et Universal gagneront à diffuser leurs contenus sur les réseaux P2P. Selon le rapport, les réseaux P2P revêteront « un intérêt marketing vital pour les industries des médias et du divertissement« . Michael Weiss est plutôt favorable à une solution de licence obligatoire ou de gestion collective, qui selon lui ont démontré leurs bienfaits depuis plus de cinquante ans dans le domaine de la radiodiffusion. Il faut cependant que ça soit appliqué de façon équitable, reconnaît-il (l’absence d’argumentation forte en faveur de l’équité de la redistribution a été au coeur du refus de la licence globale en France).

Enfin, même s’il ne s’oppose pas à la diffusion de fichiers sous DRM, Weiss n’est pas convaincu de leur intérêt commercial. « En fin de compte, le DRM pourrait être contreproductif pour les propriétaires de contenus ; ça protège peut-être les téléchargements, mais ça étouffe l’innovation et l’adoption par les consommateurs« , indique-t-il. D’autres grands acteurs du P2P comme Kazaa ou BitTorrent ont pourtant misé sur les DRM pour bâtir un modèle économique de vente de contenus par leur réseau de partage de fichiers. Mais Kazaa, qui s’y est consacré très tôt, est aujourd’hui cliniquement mort, tandis que BitTorrent tarde à dévoiler ses premières offres.

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