Est-il raisonnable que les entreprises puissent acquérir des droits sur les mots du langage courant ? C'est la question que pose la démarche de Google auprès du bureau américain des brevets et des marques de commerce (USPTO). L'entreprise américaine cherche en effet à déposer le terme "glass". Pour défendre son point de vue, elle a adressé à l'organisation un épais dossier de 1928 pages.
Il est vrai que des sociétés comme Apple, Orange ou Blackberry ont choisi de se baptiser avec des noms communs. Des produits et services sont aussi dans ce cas, comme la prise "Lightning" ou Windows. Les demandes en la matière sont variées, à l'image de Facebook qui s'intéresse à "face", "book" et "wall". Toutefois, la pression médiatique joue parfois le rôle de garde-fou, par exemple pour le terme "candy".
Signalée par le Wall Street Journal, la demande de Google s'est heurtée au refus de l'USPTO, qui lui avait par ailleurs déjà accordé le contrôle de la marque "Google Glass". Dans son commentaire, le bureau souligne deux problèmes avec la requête du groupe américain : le premier concerne le lien entre le produit et son nom et le second porte sur une éventuelle confusion avec des marques déjà déposées.
En premier lieu, l'usage du mot "verre" pour un produit qui n'en contient pas à la base. En effet, le produit fait appel à du titane et du plastique et ce n'est que très récemment que la firme de Mountain View a commencé à revoir le look de son produit en y ajoutant du verre, essentiellement pour des considérations esthétiques et commerciales, allant jusqu'à signer des partenariats avec les marques Ray-Ban et Oakley.
En second lieu, le bureau américain des brevets et des marques de commerce juge que le mot "glass", s'il est finalement déposé, risque d'entraîner une confusion avec des marques exploitant également ce terme. Sans parler des risques juridiques : il n'en faut pas beaucoup pour que les sociétés se retrouvent sur le terrain judiciaire, à l'image du conflit entre Apple et Amazon sur l'écriture d'Appstore / App Store.
Suite à la réponse du Wall Street Journal, Google a évidemment affiné son argumentaire en notant que des entreprises avaient obtenu le feu vert de l'USPTO pour utiliser des noms communs dans des marques alors que ceux-ci ont un sens qui n'a rien à avoir avec la composition des produits concernés.
Google a également profité de la couverture médiatique autour de ses Google Glass pour montrer que la presse et le public désignent aussi son produit avec le simple terme "Glass".
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