Présentée par IBM comme une révolution dans le milieu médical et plus spécifiquement dans la lutte contre le cancer, l’IA Watson serait encore loin d’être efficace, d’après une enquête du média STAT. Des accusations niées par IBM, même si l’entreprise reconnaît que son système débute encore.

Sport, cuisine, traduction… Depuis plusieurs années, IBM décline son intelligence artificielle Watson dans des domaines variés, illustrant à chaque fois la polyvalence de cet outil que le géant américain espère vendre au maximum de clients intéressés, quel que soit leur domaine d’activité.

Les plus grands espoirs suscités par Watson restent liés au milieu médical : IBM promet de grandes avancées grâce à son IA, notamment dans le traitement du cancer grâce à son utilisation dans les services d’oncologie (ou cancérologie). Mais selon une enquête du média américain d’investigation STAT, relayée par Business Insider, la « révolution » promise par IBM avec son outil de conseil en matière de traitement contre le cancer accuse un retard conséquent.

Les journalistes Casey Ross et Ike Swetlitz, qui ont interrogé de nombreux médecins à travers le monde, mais aussi des responsables d’IBM et des spécialistes de l’IA, affirment ainsi : « 3 ans après qu’IBM a commencé à vendre Watson aux médecins à travers le monde pour leur recommander les meilleurs traitements contre le cancer, [il s’avère que] le super-ordinateur est loin de combler les attentes créées par IBM. [Watson] a encore du mal avec l’étape basique d’apprentissage des différentes formes de cancer.  »

Ils poursuivent : « Seule une petite douzaine d’hôpitaux fait appel au système […] et dans les établissements étrangers, les médecins déplorent que son biais s’oriente vers des méthodes de traitement et des patients américains. »

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« Watson en est encore au stade de l’enfance »

À défaut de conceptualiser de nouvelles méthodes, Watson — dont IBM n’a publié aucune preuve scientifique de l’impact réel tout en se gardant de faire appel à des analyses scientifiques ou des essais indépendants sur le sujet — aurait tendance à privilégier des conclusions basées sur une quantité importante de données plutôt que sur celles dernièrement mises à jour. Pour beaucoup d’hôpitaux, son utilisation reste donc pour l’essentiel limitée à une sorte de moteur de recherche de données médicales existantes.

Taewoo Kang, un médecin sud-coréen, témoigne pour sa part : « En matière de cancérologie, Watson en est toujours au stade de l’enfance, il faut encore attendre […] ». Un diagnostic partagé par des cadres d’IBM, qui maintiennent toutefois que, d’ici la fin de l’année, Watson pourra servir de conseil dans le traitement de 12 cancers qui représentent 80 % des cas mondiaux.

L’entreprise américaine n’a pas manqué de réagir à ces accusations sur une page au titre explicite : « Watson et le cancer : renseignez-vous ». IBM y mentionne des chiffres bien différents, affirmant que son IA est déployée « dans plus de 50 hôpitaux à travers le monde ». Le géant américain y vante par ailleurs les retours positifs des personnes concernées : « Les médecins et les patients nous indiquent que [Watson] se révèle utile pour aider les médecins à décider d’un traitement et améliore la confiance des patients dans ces recommandations médicales. »

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Médecine et tech, un partenariat compliqué

En février 2017, IBM se félicitait des importants progrès réalisés par Watson, désormais capable, selon l’entreprise américaine, de détecter les cardiopathies (maladies du cœur). Un an plus tôt, l’université de Tokyo parvenait, grâce à l’aide de Watson et de son analyse de 20 millions d’études cliniques d’oncologie, à diagnostiquer une forme rare de leucémie chez une patiente japonaise de 60 ans.

Watson n’est pas le seul dispositif technologique à faire une incursion aussi prometteuse que décriée dans le monde médical. Google entend pour sa part parvenir, grâce à un futur outil médical prédictif qui s’appuie sur les données anonymisées des dossiers médicaux, à anticiper les futurs problèmes de santé des patients et ainsi les traiter de manière préventive.

Cet été, le partenariat conclu entre DeepMind, la branche de Google dédiée à l’IA, et les hôpitaux londoniens a quant à lui été épinglé par la Cnil britannique pour son mauvais traitement des données personnelles — médicales — des patients.

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