Durant le salon automobile de Francfort, Renault a levé le voile sur le concept Symbioz : électrique, autonome et « centré sur l’humain ». Nous avons rencontré Laurent Taupin, ingénieur en chef des véhicules autonomes pour le constructeur.

Alors que nous sommes en train de vivre une véritable révolution dans l’industrie automobile, qui est longtemps restée mutique, et que beaucoup de constructeurs pensent à l’horizon 2020-2025, Renault a déjà les yeux rivés sur 2030. Le concept Symbioz incarne ce virage très anticipé et s’articulant, bien sûr, autour d’un véhicule autonome et électrique, mais aussi « centré sur l’humain ».

Une certaine idée d’un lieu de vie avec son assise en carré et dans lequel chacun s’y sentirait bien et pourrait vaquer à ses occupations habituelles tout en se faisant transporter. Laurent Taupin, ingénieur en chef des véhicules autonomes, nous raconte comment et pourquoi Renault peut se projeter aussi loin. Entretien.

La concept car Renault Symbioz. // Source : Maxime Claudel pour Numerama

Renault mise sur la symbiose

Quand on demande à Renault la justification de l’existence d’un tel prototype, la firme au losange résume son argumentaire avec un seul mot : client. « C’est la vision de ce que l’on aimerait apporter à nos clients. On se base sur des macro évolutions du monde, le fait qu’il y a de plus en plus d’urbanisme, de mégacités et, donc, de la congestion. Le fait que les voitures seront de plus en plus connectées. Le fait que la planète se réchauffe et que nos clients se soucient de plus en plus de l’environnement », confie Laurent Taupin.

En quelque sorte, la Symbioz est la synthèse de toutes ces tendances qui ne s’infléchiront pas d’ici 2030 et qui dessineront in fine la mobilité future. C’est même plus que ça, c’est un « écosystème qui est centré autour de l’humain et connecté à des maisons intelligentes voire à des villes intelligentes ».

« L’idée est que la voiture peut entièrement interagir avec son environnement, pas seulement avec la maison, mais aussi la vie numérique » continue-t-il, insistant sur la volonté de ne pas bombarder, non plus, les gens avec un trop-plein de technologies futiles, mais davantage aptes à faciliter la vie au sens strict. Avec Symbioz, Renault veut faire de la voiture « une pièce supplémentaire virtuelle de son habitation », pour que chacun s’y sente aussi bien que chez lui. Une sacrée ambition, mais, après tout, une dizaine d’années nous séparent d’une telle réalité.

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Le frein de la peur

Il y a néanmoins encore du chemin à parcourir, notamment du côté des lois sur la conduite autonome. « Actuellement, la réglementation n’autorise que des conduites de niveau 2, c’est à dire des niveaux de délégation relativement bas […]. Symbioz c’est de la conduite de niveau 4, soit quasiment la plus élevée en matière d’autonomie » affirme Laurent Taupin, qui souligne la disparité entre avancée technologique et législation.

À plus court terme, soit en 2020, Renault espère pouvoir proposer une flotte de véhicules de niveau 4 sur des parcours ciblés comme les autoroutes. Elle servira à des expérimentations pour un lancement en série en 2023, si tout va bien et que les lois le permettent. « Le temps qui s’écoule redevient mien » : voilà l’argument principal de la conduite autonome, celui du gain de temps.

L’autre question clef que pose la conduite autonome est liée au frein de ceux qui ont peur en voiture et qui, par extension, seront amenés à être effrayés à l’idée d’abandonner totalement le volant pour laisser le contrôle à une autre entité. Une peur légitime et naturelle. Pour Renault, l’enjeu sera de prouver que la technologie est fiable et les tests in situ serviront à cela, à prouver cette relation de confiance qui s’installe entre l’homme et la machine, supérieure dans la prise de décisions. Pour être convaincu, il faudra essayer.

« Est-ce que vous avez peur d’aller dans un ascenseur ? Et qu’est-ce que c’est qu’un ascenseur ? C’est un véhicule autonome » illustre Laurent Taupin. À ses yeux, l’interface homme-machine aura une importance primordiale pour gommer la méfiance. Concluant :  « La machine n’est jamais distraite ».

Clap de fin en attendant le prochain lever de rideau. Avant 2030.

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