C'est une décision qui soulèvera sans doute plus d'intérêt médiatique que pour Veronica Mars, qui fut également distribué exclusivement en VOD en France, faute pour les salles de cinéma d'accepter qu'un film puisse être vu à la fois chez elles et sur Internet. Le producteur Vincent Maraval a choisi de ne diffuser le film "Welcome to New York" d'Abel Ferrara que sous forme de vidéo à la demande (VOD), abandonnant l'exploitation en salles. Pour voir Gérard Depardieu interpréter Dominique Strauss-Khan, les internautes devront débourser 7 euros la séance, lors de sa mise en ligne pendant le Festival de Cannes. Tout un symbole.
"Cela fait longtemps qu'on voulait tenter une expérience de distribution en ligne. On n'aime pas le terme VoD. Pour nous, c'est du cinéma à la maison, comme cela se fait aux Etats-Unis et dans de nombreux pays, où les films sortent en même temps en salles et sur Internet", explique Vincent Maraval dans une interview au Monde.
Le fondateur de Wild Bunch Distribution, qui s'était fait un nom dans le grand public en s'attaquant avec fracas aux salaires délirants des acteurs français, a cette fois-ci décidé de dénoncer les aberrations de la chronologie des médias qui sclérose la distribution des films, quitte à attaquer de front la sacro-sainte exception culturelle. "En France, comme la loi interdit la simultanéité de la salle et de la VoD, on a fait le choix d'Internet. Dans d'autres pays, aux Etats-Unis notamment, le film sortira en même temps en salles et sur le web", explique-t-il. "C'est possible (parce que) le film a été totalement financé aux Etats-Unis. Si Canal + ou France 2 avaient investi dans le film, il aurait fallu le sortir en salles pour qu'il soit qualifié d'oeuvre de cinéma".
Pour Vincent Maraval, le choix de préférer Internet aux salles de cinéma (puisqu'il faut choisir) est aussi une question stratégique, pragmatique. S'il suivait la chronologie des médias, qui se base sur la sortie en salles pour déterminer les autres fenêtres d'exploitation, le distributeur devrait attendre 4 mois après la date de sortie pour avoir le droit de vendre le film en DVD ou sur les sites de VOD. Or, prédit-il, "tout le monde va vouloir le voir tout de suite, c'est de la très bonne chair à piratage".
Ainsi plutôt que de sanctionner la demande qui n'a pas d'autre offre qu'illégale, Maraval préfère apporter une offre légale disponible immédiatement. Du bon sens.
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