Jamais aucun système de DRM n’a fait échec aux hackeurs du monde entier. Celui des Blu-Ray et HD DVD ne fera pas exception. De dangereux criminels ont découvert qu’il était possible de copier le contenu des films haute-définition en utilisant un outil de haute technologie : la touche « Impr. écran ».

Avec le vote de loi DADVSI et à condition qu’elle passe avec la succès la censure du Conseil constitutionnel, il sera désormais interdit et pénalement sanctionné de contourner les mesures de protection techniques présentes sur les œuvres protégées par le droit d’auteur. Pour les nouveaux supports de films haute-définition HD DVD et Blu-Ray, cela semble vouloir dire interdire la pression de la touche « Impr. Ecran » (print screen) pendant la lecture du film.

La publication allemande Heise Online a testé la lecture des films haute-définition sur les PC portables Sony VAIO VGC-RC 204 Blu-ray et Toshiba Qosmio G30 HD-DVD. C’est alors qu’ils ont découvert que rien n’avait été prévu pour interdire la copie d’écran d’une image du film, et que la touche « Impr. Ecran » était parfaitement fonctionnelle, au moins avec le logiciel WinDVD. Les vils consommateurs pourront donc prendre leur mal en patience et appuyer vingt-cinq fois par seconde sur la touche d’impression d’écran pour pirater les films… ou utiliser des logiciels spécialement étudiés pour ce genre d’opérations. Le plus dur restera à synchroniser l’image et le son, mais déjà certains outils le permettent.

L’industrie informatique vous dit merci

L’industrie du cinéma a donc fait une nouvelle fois confiance à l’industrie informatique pour qu’elle développe – cette fois c’était sûr de chez sûr – la meilleure des protections possibles pour empêcher le piratage des œuvres. Des millions de dollars ont été dépensés en recherche et développement pour contrôler le consommateur présumé pirate et l’empêcher de faire ce qu’il souhaite du support qu’il a acheté. Mais encore une fois, et avant même sa commercialisation en masse, le DRM fait flop. Et un flop particulièrement humiliant lorsqu’un procédé aussi basique suffit à le contourner.

Les premiers films HD au DRM pré-contourné ne tarderont pas à faire leur entrée massive sur les réseaux P2P, les newsgroups, les canaux IRC ou les serveurs FTP. Et encore une fois, ce sont les fidèles consommateurs qui achètent loyalement les œuvres dans le commerce qui pâtiront des limites d’usage imposées sur les films.

Qu’aura alors gagné l’industrie du cinéma ? Probablement un P2P dont la valeur ajoutée va encore s’accroître par rapport aux offres marchandes.

Qu’aura alors gagné l’industrie informatique ? Certainement un nouveau contrat pour développer – cette fois c’est vraiment sûr de chez sûr – le DRM ultime que personne ne pourra contourner.

Quand l’industrie du divertissement va-t-elle comprendre qu’elle est, avec ses clients, la seule perdante de sa propre soif de contrôle ?

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