Dire que le masculin et l’hétéronormativité semblent largement dominer l’univers vidéoludique revient à enfoncer une porte ouverte. Alors que des projets émergent pour promouvoir la mixité dans le jeu vidéo français, et que l’industrie commence à intégrer davantage les professionnelles du secteur, les initiatives se font encore rares pour favoriser l’inclusivité des joueurs et joueuses qui s’identifient aux identités LGBTQ+.
Afin de redonner leur place à ces identités au sein du jeu vidéo, le hackerspace parisien du Reset se propose d’organiser une Paris Games Queer, en marge de la traditionnelle Paris Games Week. Le 5 novembre 2017, cet espace inclusif dédié à la « bidouille » et à l’ « apprentissage des technologies numériques » accueillera tous les visiteurs qui le souhaitent dans son QG habituel, le bar de la Mutinerie, autour de jeux vidéo queer.
Queer games et féminisme inclusif
« Nous organisions des ateliers queer games et féminisme inclusif depuis 2015, avant même notre intégration au sein du Reset en 2016, nous raconte Sam, l’un des membres du hackerspace. Cela faisait longtemps que nous voulions faire une journée autour des jeux queer. On attendait simplement d’être plus nombreux pour pouvoir le faire. »
Bien que la Paris Games Week soit un haut-lieu du jeu vidéo en France, le Reset regrette que les questions d’inclusivité n’y soient que peu abordées. « Nous avons repris le nom, avec l’idée d’en faire un jeu de mot en Paris Games Queer, on voyait ça un peu comme une blague, poursuit Sam. Et puis on s’est dit ‘autant l’organiser en même temps’, d’autant plus que la date coïncidait avec celle de nos ateliers queer games, organisés les derniers dimanche de chaque mois. »
Au cours de cette journée, dont le programme est disponible sur le site du hackerspace, des queer games seront accessibles en libre service — avec la possibilité d’amener sa propre clé USB pour repartir avec des jeux vidéo.
Il sera possible de repartir avec des queer games sur clé USB
Par ailleurs, deux ateliers seront organisés. Entre 11h30 et 13h, le Reset proposera une initiation à la création et aux controllers DIY — à l’aide du dispositif d’émulation de clavier Makey Makey, permettant d’utiliser son corps ou des objets du quotidien comme une manette.
De 14h à 16h30, l’autrice Lizzie Crowdagger sera l’invitée d’un atelier d’écriture interactive avec le logiciel Twine, pour apprendre à créer des jeux dont vous êtes vous-même le héros. La journée se terminera en musique lors d’un concert. À noter que les ateliers — que le Reset précise être accessibles aux débutants — ont un nombre de places limité.
Reprendre possession des jeux vidéo
En quoi un queer game est-il différent des autres jeux vidéo ? « Il s’agit d’un jeu créé par et pour des personnes queer, nous explique Sam. Un jeu créé pour des personnes qui sont fatiguées de ne pas être représentées, d’être invisibles dans les jeux vidéo en général, qui ne représentent pas la diversité des sexualités et identités. » Par le biais des jeux vidéo queer, les concepteurs et joueurs peuvent reprendre possession de ce média pour y infuser des éléments plus représentatifs de la diversité des genres.
L’autre versant des queer games réside dans leur accessibilité. « Ce sont des jeux peu onéreux, voire gratuits. Et, surtout, qui ne requièrent pas un long temps d’apprentissage », poursuit Sam.
Des jeux inclusifs et accessibles
Parmi les exemples de jeux vidéo queer évoqués par le hackerspace, on trouve ainsi Dys4ia, inspiré de l’expérience d’Anna Anthropy. Le jeu est pensé comme un accompagnement vers la transition, et a notamment permis à sa conceptrice de faire vivre cette expérience à ses proches à travers un récit autobiographique. Dans un esprit similaire, Mattie Brice a conçu le jeu Mainichi, dans lequel elle propose au joueur de vivre son quotidien de femme transgenre et racisée.
Si vous souhaitez vous familiariser avec les jeux vidéo queer en amont de la Paris Games Queer, une liste complète est disponible sur la page de l’événement.
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