Les « taxis volants » de SeaBubbles ne sont pas près de naviguer sur la Seine. Le navigateur Alain Thébault, créateur de ce concept « zéro bruit, zéro vague et zéro émission [de carbone] », l’a annoncé ce 20 octobre au Figaro.
Pour emprunter ces véhicules en forme de bulles capables de transporter 4 passagers (et un chauffeur), il faudra donc se rendre sur les rives du Lac Léman, en Suisse, à compter d’avril 2018, où une ligne de test constituée de 5 navettes doit relier Genève et une commune voisine.
Alain Thébault a justifié cette relocalisation soudaine auprès du Huffington Post : « Du fait du mille-feuille administratif français, c’est très compliqué de mettre en place un test pilote à Paris. » Celui qui fustige au passage une « start-up nation [qui] n’en a que le nom » cite notamment, parmi les obstacles au développement parisien des SeaBubbles, le prix de location d’un ponton : 1 000 euros par jour, sans possibilité de branchement donc de recharge de ces véhicules à motorisation électrique.
« On ne va pas continuer à pédaler dans le vide »
Alain Thébault regrette aussi la réglementation des vitesses : 12 km/h maximum à certains endroits de la Seine alors qu’un SeaBubbles, censé naviguer entre 40 et 50 km/h, doit naviguer à au moins 10 km/h pour pouvoir déployer ses foils, des lames dotées d’une orientation précise, qui, une fois appuyées sur l’eau, produisent une force capable de surélever le véhicule jusqu’à 50 cm au-dessus des flots. D’où leur appellation de « taxis volants », prisée d’Alain Thébault, même si, en mars dernier, les SeaBubbles nous évoquaient plutôt des pédalos améliorés.
Le fondateur de SeaBubbles a d’ailleurs lui-même repris le champ lexical de l’appareil dans sa déclaration à l’AFP : « On ne va pas continuer à pédaler dans le vide en passant des mois à discuter avec les administrations ». La proposition suisse l’a d’autant plus séduit que deux communes lui ont proposé de financer ses infrastructures, ce qui représente une aide non négligeable.
La maire de Paris, Anne Hidalgo, qui soutient de longue date ce projet dans lequel elle voit le potentiel « futur service de taxis sur la Seine » — et qu’elle a pu tester lors du premier essai sur la Seine en juin dernier — a en tout cas renouvelé son soutien à SeaBubbles, malgré la décision d’ajourner les essais à Paris : « SeaBubbles permet de se déplacer facilement en cœur de ville, tout en protégeant l’environnement et en améliorant la qualité de l’air. Je souhaite donc que les services de l’État envisagent de faire évoluer la réglementation pour permettre à Paris d’accueillir SeaBubbles ».
En attente d’homologation
Si un potentiel retour sur la Seine reste envisagé à terme, Alain Thébault assure recevoir des demandes du monde entier — dont San Francisco, Tokyo ou encore Bangkok — pour son concept. Il envisage aussi de créer des SeaBubbles en version « bus », qui seraient capables d’accueillir respectivement 32 et 64 passagers.
Pour se concrétiser, les navettes fluviales doivent encore accomplir une série d’étapes émunérées par leur créateur à la Tribune de Genève : « Les Bubbles doivent encore être homologués en Suisse, il faut déterminer des emplacements pour les embarcadères et, enfin, comme l’a rappelé à la radio le magistrat chargé des Transports, Luc Barthassat, trouver un opérateur prêt à intégrer les Bubbles dans son réseau. »
Alain Thébault devra donc encore attendre pour réaliser son rêve : « Voir ces bulles voler ».
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