L’Observatoire régional des violences faites aux femmes, intégré au Centre Hubertine Auclert, a mis en ligne le 17 octobre sa plateforme Stop-cybersexisme. Regroupant des conseils destinés aux victimes et témoins de ces violences, la plateforme s’adresse tout particulièrement aux jeunes.

20 % des filles indiquent avoir subi des insultes en ligne sur leur apparence physique, contre 13 % des garçons de la même tranche d’âge. Deux fois plus nombreuses que les garçons à réaliser des selfies sous la contrainte, les filles sont plus souvent confrontées à des cyberviolences à caractère sexuel par le biais de photos, vidéos ou textos (17 % des filles, contre 11 % des garçons).

Voici quelques unes des observations dressées par le Centre Hubertine Auclert dans une étude consacrée au cybersexisme chez les adolescents de 12 à 15 ans. Cet organisme francilien s’est donné pour vocation de promouvoir une culture de l’égalité entre femmes et hommes, y compris dans la sphère du numérique.

Une plateforme destinée aux jeunes

Le 17 octobre 2017, le centre a dévoilé sa plateforme Stop-cybersexisme, qui poursuit l’objectif de sensibiliser et renseigner les jeunes internautes au sujet des comportements sexistes et violents en ligne. Ce site est l’aboutissement de plusieurs années de travail mené par l’Observatoire régional des violences faites aux femmes (ORVF) — rattaché au centre Hubertine Auclert depuis 2013.

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« Depuis trois ans, nous développons au sein de l’ORVF une expertise sur les enjeux de cybersexisme, avec une réflexion axée sur les cyberviolences dont sont victimes les femmes et surtout les jeunes filles », nous explique Aurélie Latourès, chargée d’études à l’observatoire. L’organisation déplore alors un manque d’informations sur le sujet, et entame une série d’entretiens avec des jeunes susceptibles d’être concernées par cette problématique.

« Nous avons constaté qu’il y avait peu d’enquêtes et de données scientifiques sur la question du genre, et avons mené une étude au sujet du cybersexisme chez les adolescents [ndlr : l’étude mentionnée au début de cet article]. Entre autres, nous avons observé que trois filles et deux garçons par classe étaient susceptibles d’être concernés par les cyberviolences », poursuit Aurélie Latourès.

Un manque d’outils pour lutter contre le cybersexisme

C’est dans ce contexte que l’ORVF décide de mettre en ligne une plateforme destinée à sensibiliser et prévenir le phénomène du sexisme en ligne. « Cette plateforme répond à un besoin de capitaliser sur les données développées autour des questions de cybersexisme, et du constat d’un manque d’outil sur le sujet », complète notre interlocutrice.

La nécessité de mettre en place un tel outil semble d’autant plus essentiel à l’observatoire que la série d’entretiens menés a justement mis en lumière une difficulté : celle des jeunes concernés à identifier le cybersexisme. « Les jeunes que nous avons pu interroger en entretien ne se rendaient pas compte qu’il s’agissait de sexisme et de violence lorsqu’ils étaient confrontés, par exemple, à un selfie intime envoyé sans consentement. »

stopcyberharcelement-soutien

Les filles sont souvent culpabilisées

Les jeunes filles, particulièrement, semblent victimes d’une double peine : outre la diffusion non consentie de leurs photos et données intimes, elles subissent également un autre problème souligné par Aurélie Latourès : « Nous avons observé une tendance à la culpabilisation des filles, que l’on cherche à rendre responsables de la diffusion de ces clichés. »

Mise en ligne avec l’appui du Ministère de l’éducation nationale, la plateforme Stop-cybersexisme s’adresse par conséquent en priorité à un public jeune, en des termes accessibles. « La plateforme a été conçue avec la volonté première de s’adresser aux adolescents concernés. Pour cela, nous l’avons organisée en trois volets : un premier axe dédié au décryptage du cybersexisme, un deuxième proposant des outils pour agir et destiné à l’entourage des victimes (entendu dans un sens large), et un troisième volet destiné aux professionnels pour prévenir ce type de violences », détaille la chargée d’études.

Une plateforme évolutive

L’OVRF souligne enfin que la plateforme connaîtra des changements et améliorations dans les mois à venir, afin de proposer davantage de ressources et d’être à jour sur la législation en vigueur. « Le site a été pensé pour être évolutif, détaille Aurélie Latourès, notamment sur le volet du droit et les modalités de signalement. En partenariat avec la Fondation des femmes et le collectif Féministes contre le cyberharcèlement, nous avons cherché à retraduire les questions fréquemment posées par les victimes de cybersexisme. »

Ainsi, l’observatoire songe déjà à intégrer des formats ludiques pour permettre aux victimes et témoins de connaître les procédures à suivre lorsqu’ils sont confrontés à ces situations. « Concernant le signalement des cyberviolences, nous voulons faire évoluer le site avec l’ajout de tutoriels pour aider les victimes à faire supprimer les contenus, notamment sur les réseaux sociaux, dont le fonctionnement n’est pas toujours évident », conclut la chargée d’études de l’ORVF.

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