Le directeur du laboratoire de recherche sur l’IA de Facebook est catégorique : les scénarios les plus pessimistes autour de l’intelligence artificielle sont aujourd’hui sans fondement. Yann LeCun est bien conscient de certains dangers inhérents à cette technologie mais il estime que son niveau d’avancée actuel reste mal compris du public.

En matière d’intelligence artificielle, Yann LeCun s’impose comme l’anti-Elon Musk : le réputé directeur du laboratoire de recherche sur l’IA de Facebook déplore le traitement souvent pessimiste du sujet réalisé par les médias, quand le patron de Tesla et SpaceX ne rate pas une occasion d’alerter le public sur les supposés graves dangers de cette technologie.

Toutefois, le chercheur en intelligence artificielle se félicite, dans une interview accordée à The Verge, de voir la situation évoluer positivement : « À une époque, vous ne pouviez pas voir passer un article [sur l’IA] sans qu’il contienne une image de Terminator. […] C’est quelque chose qu’on voit moins aujourd’hui, et c’est une bonne chose. » Ce qui ne revient pas à nier pour autant les questions et inquiétudes soulevées par le développement de l’intelligence artificielle : « L’IA représente de vrais dangers, de véritables risques, mais il ne s’agit pas de scénarios à la Terminator ».

Yann LeCun estime en revanche que le traitement de l’IA manque souvent de rigueur, comme l’a montré l’emballement médiatique de cet été. De nombreux sites avaient affirmé — à tort — que Facebook avait « débranché » des chatbots qui avaient accidentellement inventé leur propre langage : « La première fois que vous voyez ça, vous souriez et vous rigolez. […] Dans ce cas précis, il y a eu un article et ça a pris une ampleur folle, avant que vous en arriviez à vous arracher les cheveux : ‘Ils racontent n’importe quoi !’ C’est instructif pour nous, parce que ça nous montre comment les médias peuvent fonctionner. »

intelligence artificielle

Yann LeCun pronostique l’essor des assistants virtuels

Yann LeCun tient aussi à tempérer les attentes actuelles vis-à-vis de cette technologie, qui est encore loin, selon lui, de pouvoir donner forme aux robots autonomes et autres inventions ambitieuses popularisées par la science-fiction.

« Je ne cesse de le répéter au public : nous sommes encore très loin de pouvoir créer des machines réellement intelligentes. Tout ce que vous voyez à l’heure actuelle — les avancées sur la voiture autonome, l’interprétation de données médicales, la victoire face au champion du monde de go, etc. –, ce sont des intelligences très restreintes, entraînées pour un but bien précis » explique-t-il.

Il souligne ainsi que les prouesses de l’IA AlphaGo de DeepMind, aussi impressionnantes soient-elles, ne préfigurent en rien d’une avancée pour le développement d’une intelligence artificielle globale, qui permettrait par exemple la création de robots autonomes. « Ça n’a rien à voir, c’est complètement distinct. Certains prétendent le contraire, mais c’est mon avis personnel » souligne Yann LeCun, qui pronostique plutôt l’essor de « véritables » assistants virtuels au cours des prochaines années.

En septembre, à l’occasion de la 4e édition du Monde Festival, le chercheur confiait par ailleurs au sujet de la vision pessimiste d’Elon Musk : « J’ai beaucoup d’estime pour Elon Musk, ses entreprises très impressionnantes et innovantes. Mais quelque chose qui l’intéresse beaucoup est de récupérer énormément de ressources pour coloniser Mars ; ça le conduit quelquefois à faire des prévisions un petit peu noires pour convaincre les gens qu’il faudra s’en aller de la Terre. Je crois que c’est plus une opération de communication qu’une vraie peur des dangers de l’IA. »

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