Utilisé abondamment par les opérateurs pour vanter le déploiement de leur réseau 4G, le taux de couverture de la population a-t-il encore un sens ?

Les fêtes de fin d’année approchent à grands pas et avec elles se poseront dans de nombreux foyers la question du renouvellement du smartphone ou du changement de forfait. La question, évidemment, est de savoir chez quel opérateur aller et donc, de déterminer les critères importants. Le prix ? L’engagement ? La couverture du réseau ? Sa qualité ? Les options proposées ?

Mais encore faut-il que l’indicateur qui vous importe puisse aboutir à un classement entre Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free Mobile. Or il s’avère que sur l’enjeu de la couverture téléphonique, trois des quatre opérateurs affichent quasiment le même taux. Seul Free Mobile est en retrait, retard qui s’explique par son arrivée plus tardive sur le marché de la téléphonie mobile.

Antenne

Jugez plutôt : entre le 26 octobre et le 7 novembre, Orange, SFR et Bouygues Telecom ont tous donné des nouvelles de l’état de leur couverture de la population en 4G — la seule norme qui importe vraiment actuellement, puisque c’est elle qui permet de profiter vraiment de sa connexion — et il s’avère qu’ils bataillent dans un mouchoir de poche.

Dans son communiqué du 26 octobre, Orange annonçait  un « taux de couverture de la population en 4G au 30 septembre 2017 [s’élevant] à 93,8% en France ». Une semaine plus tard, ce fut au tour de SFR de s’exprimer en affirmant couvrir « 93 % de la population en 4G ». Et aujourd’hui, c’est Bouygues qui y va de son annonce, avec « 94% de la population [couverte] en 4G depuis le 1er octobre 2017 ».

Les écarts constatés ne sont plus significatifs.

4G smartphone

Seul Free Mobile se distingue, mais pas de la meilleure des manières :  on apprenait le 1er septembre, au moment de la présentation de ses résultats, que le groupe visait un « taux de couverture de la population en 4G proche de 85% à fin 2017 ». c’est peu en comparaison des autres, mais Free Mobile a des circonstances atténuantes. Mais avec le temps, elles tendent à perdre en force

Dès lors, cette statistique est-elle un indicateur encore pertinent ? On peut largement en douter, les opérateurs faisant pratiquement jeu égal. Et surtout, il ne dit rien sur la qualité effective du réseau téléphonique de votre opérateur près de chez vous, en ville ou à la campagne, dans un bâtiment ou à l’extérieur ou pendant un déplacement, en train ou en voiture. Là, les situations divergent notablement.

Un indicateur qui ne dit rien de la qualité

Pour avoir le détail, il faut se tourner vers l’enquête annuelle produite par le gendarme des télécoms, qui permet d’avoir une idée de l’opérateur mobile le plus performant. Là encore, il s’agit d’une photographie générale à l’échelle d’un pays. Pour connaître la situation près de chez vous, le régulateur propose depuis cet automne de nouvelles cartes de couverture mobile pour la France métropolitaine.

Seul hic, elles ne concernent pour l’instant que la couverture pour les appels et les SMS. Concernant la 3G et la 4G, une mise à jour aura lieu en 2018.

Par ailleurs, un autre argument tend à rendre obsolète ce critère de sélection : les taux qui sont désormais atteints sont particulièrement hauts, ce qui veut dire la quasi-totalité de la population est couverte. Certes, il y a encore entre 5 et 7 % des habitants qui sont dans les zones blanches de la 4G, mais cet indicateur n’est pas le plus pertinent pour pointer le problème de ces régions.

Couverture du territoire

Il ne s’agit en effet pas de dire que les personnes vivant dans les coins les plus reculés de France n’ont pas droit au très haut débit et qu’elles ne doivent pas être prises en compte dans les statistiques de couverture. Mais pour mieux appréhender le souci, un meilleur indicateur existe : celui du taux de couverture du territoire. Car même si les opérateurs sont aussi au coude à coude, les mesures sont très différentes/

Orange couvre par exemple 55 % du territoire en 4G, Bouygues Télécom est à 58 %, SFR atteint 59 % et Free Mobile propose 45 %. Ces statistiques, les opérateurs évitent de les mettre en avant : c’est donc en direction du régulateur qu’il faut se tourner pour avoir ces données, bien plus intéressantes et qui montre le décalage criant entre la couverture des villes et celle des campagnes et des montagnes.

village

CC ?ukasz Czechowicz

Forcément : il est bien plus aisé pour un opérateur de téléphonie mobile d’apporter de la 4G dans une ville, qui s’étale sur une superficie relativement réduite et qui concentre une population importante, qu’en rase campagne où la densité d’habitation est beaucoup plus dispersée et clairsemée.

En se focalisant sur Paris par exemple, un opérateur peut très vite atteindre 2 millions d’habitants intra-muros.

En effet, comme il n’y a pas de répartition uniforme des Français et des Françaises sur le territoire, les opérateurs se mobilisent en priorité, pour d’évidentes raisons commerciales, sur les zones densément peuplées. Ce qui explique pourquoi on observe un tel écart. Mais celui-ci est appelé à se résorber progressivement avec le temps. Reste à savoir à quelle vitesse.

Source : Numerama

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