Au-delà du recyclage et de la pollution liée à la logistique des objets technologiques, la question de l’approvisionnement en minerais dit « de conflits » questionne l’éthique des grandes entreprises. En effet, l’électronique demande une énorme quantité des minéraux que sont l’étain, le tungstène, le tantale et l’or — les 3TG. Le problème est simple à résumer : ces matières premières utilisées massivement par la tech et la bijouterie ont une provenance loin d’être responsable.
Conflits, corruption, exploitation illégale ou travail des enfants sont autant de mots qui riment avec l’approvisionnement des 3TG et de nombreuses ONG luttent aujourd’hui pour que ces problèmes soient autant mis en évidence que ceux liés au recyclage ou à la protection de l’environnement. L’une d’entre elles, nommée Enough Project, fait un travail méticuleux de recherche et d’investigation qui lui permet, depuis son premier rapport en 2010, de surveiller l’évolution des mines au Congo. En 2017, son travail de sensibilisation a fait évoluer la situation de manière positive : aucune mine n’était signalée comme « libre de conflits » en 2010, 420 sont aujourd’hui certifiées par l’ONG.
Mais en plus d’adresser un bilan de la situation sur le terrain, EnoughProject prend le temps de scruter l’approvisionnement des entreprises de la tech et de la bijouterie ainsi que leurs actions sur le terrain. Ces entreprises sont alors évaluées sur 4 critères :
- Leur capacité à évaluer la provenance de minerais en provenance de zones de conflits, à autoriser les recherches sur ces approvisionnements, à fournir des rapports transparents sur ces sujets et à laisser le droit à des tiers de mener des audits.
- La mise en place d’un approvisionnement dans des mines certifiées libres de conflits et l’investissement financier pour développer ces mines.
- Les actions sur le terrain pour permettre aux mineurs et à leurs familles de subsister, en améliorant par exemple l’accès à la santé et la sécurité des villes minières.
- La capacité à mener des actions de lobbying pour faire prendre conscience, dans les institutions et auprès du public, de la situation des mines.
Ces quatre critères permettent à Enough Project d’attribuer un score aux entreprises qui ont été sélectionnées pour y figurer selon leur valorisation boursière — le classement complet et le rapport sont disponibles à cette adresse. Nous nous concentrons sur les entreprises de la tech. Ne nous étonnons pas d’emblée de ne pas trouver mention d’un FairPhone qui fait également un bon travail d’approvisionnement éthique pour ses smartphones : l’entreprise est trop petite pour figurer dans le rapport d’Enough Project.
Classement des entreprises de la tech
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Apple — 122
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Alphabet — 102,5
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HP — 76
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Microsoft — 73
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Intel — 72.5
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Panasonic — 42,5
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IBM — 42
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Sony — 33,5
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Samsung — 17,5
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Toshiba — 9
Sur les 10 entreprises de la tech présentes dans le classement, il faut déjà reconnaître qu’elles occupent toutes le haut du panier : il faut attendre la sixième position globale pour trouver un acteur de la bijouterie. Ce premier acteur est également le premier à entrer dans la catégorie « jaune » de l’ONG qui correspond à des pratiques et un engagement « moyen ».
C’est Apple qui s’est vue attribuer le score le plus haut : 114 points sur 120 avec 8 points « bonus » pour des actions en dehors des critères de sélection. En effet, Apple a développé des structures d’évaluation du risque qui sont utilisables par d’autres sociétés et profitent à l’écosystème entier. Comme Google et Microsoft, Apple a également fait don de 500 000 $ aux communautés — « une goutte d’eau », note l’ONG qui reste éloignée de tout angélisme.
Samsung finit avec seulement 17,5 points, ce qui place l’entreprise en avant-dernière position dans la tech
Alphabet, HP, Microsoft et Intel complètent le tableau des entreprises qui ont redoublé d’efforts pour adopter un approvisionnement responsable selon le rapport 2017. Elles sont toutes classées dans la catégorie « top ranked » par l’ONG même si le score de la dernière, Intel, est déjà loin de celui d’Apple ou de Google.
Le ventre mou du classement n’est pas le plus intéressant à relever — ce sont les mauvais élèves qui préoccupent. En effet, dans ce classement, Samsung finit avec seulement 17,5 points, ce qui place l’entreprise en avant-dernière position dans la tech et en 15e position dans le classement général. Elle est, bien entendu, dans le rouge, aux côtés de Toshiba, 10e et dernière du classement et Sony, qui avec ses 33,5 points sauve à peine les meubles — sans toutefois parvenir à sortir de la zone rouge.
Pour finir, côté consommateur, au-delà de boycotter les produits des marques dans les zones les plus basses du classement, il est possible de les inviter à changer : l’ONG a prévu des lettres qu’il est possible de transmettre aux mauvais comme aux bons élèves.
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