Le potentiel déploiement, dans un futur proche, de « robots tueurs », ces appareils militaires capables d’éliminer leur(s) cible(s) sans intervention humaine — qui s’arrête au stade de leur programmation — n’inquiète pas outre-mesure l’ONU.
Amandeep Gill, l’ambassadeur du désarmement auprès des Nations Unies, s’est ainsi voulu rassurant au terme de la semaine de discussion consacrée à cet épineux sujet. Il a notamment entendu les arguments des 86 pays réunis à Genève et des représentants de l’ONG « Stop killer robots » (« mettons fin aux robots tueurs »), qui milite pour une interdiction de ces robots et autres drones. « Les robots ne sont pas en train de prendre le contrôle de la Terre. Les humains sont toujours aux commandes » a-t-il ainsi estimé, balayant du même coup tout scénario à la Terminator, comme le rapporte The Guardian.
Si ces échanges ont permis d’aboutir à deux avancées admises par la plupart des intervenants — l’idée d’un nécessaire encadrement légal de ces robots militaires et d’un certain degré de contrôle humain –, l’ONG « Stop killer robots » ne cache pas sa déception : « Au bout de 4 ans [d’action], la procédure […] semble vouée à continuer de viser très bas et de progresser très lentement malgré les appels de plus en plus nombreux à l’adoption d’un cadre international légal sur le sujet. »
22 pays appellent à une interdiction
Sur son site, l’ONG résume les arguments qui justifient à ses yeux d’une interdiction de ces robots en cours de développement aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Chine ou encore en Russie : « Ces armes robotiques seraient capables de choisir et de tirer sur leurs cibles par elles-mêmes, sans la moindre intervention humaine. […] Autoriser des machines à décider de la vie ou de la mort [d’un humain] bafoue un principe moral essentiel. […] Remplacer des troupes humaines par des [robots] pourrait faciliter la décision de lancer une guerre. »
Alors que 22 pays — dont le Brésil, l’Algérie, l’Argentine, ou encore l’Égypte — appellent à interdire directement ces « robots tueurs » et que certains grands noms de la tech comme Elon Musk ont signé une pétition dans le même sens, Amandeep Gill conteste les critiques sur le manque d’avancées de l’ONU : « Je pense qu’il faut se montrer prudent et éviter de dramatiser ce problème. »
Mary Wareham, qui travaille pour la division Armes au sein de l’ONG Human Rights Watch et coordonne la campagne « Stop killer robots » estime à l’inverse qu’il y a urgence à agir : « Les pays n’ont pas de temps à perdre en discutant simplement de ce sujet. Les armées et les entreprises de défense du monde entier dépensent énormément d’argent [dans ces technologies] ».
Toby Walsh, spécialiste de l’intelligence artificielle au sein de l’université Nouvelle-Galles du Sud d’Australie, fait preuve d’un peu plus d’optimisme à long terme : « La course à l’armement est en cours. [Ces robots] deviendront des armes de destruction massive. Je reste convaincu que nous finirons par interdire ces armes… Je m’inquiète simplement de savoir si [les États] auront le courage de le faire maintenant par conviction ou s’il faudra attendre que [des victimes] meurent. »
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