La parole d’anciennes personnalités de Facebook semble s’être libérée : après un ancien président estimant que le réseau social exploite les « vulnérabilités » de ses utilisateurs, ou encore un investisseur qui dénonce « l’altération » de leur cerveau par la campagne d’influence russe, c’est au tour de Sandy Parakilas de mener la charge contre la plateforme aux 2 milliards d’utilisateurs.
Dans une tribune publiée par le New York Times, l’ex-salarié en charge des questions de vie privée sur la plateforme de développement de Facebook dénonce la politique menée par l’entreprise avant son entrée en bourse de 2012 : « En interne, j’ai pu constater que [Facebook] cherchait davantage à collecter les données de ses utilisateurs qu’à les protéger contre des dérives. »
« Facebook est libre de faire ce qu’il veut avec vos données personnelles, et il n’a aucune raison de mettre des garde-fous en place. […] Plus il a de données à proposer, plus il a d’intérêt pour les annonceurs » poursuit-il.
« Il ne faut pas laisser Facebook s’auto-réguler »
La date de publication de cette tribune ne doit rien au hasard : Sandy Parakilas appelle les « législateurs à ne pas laisser Facebook s’auto-réguler, parce qu’il ne le fera pas », alors que l’idée d’imposer une forme générale de régulation à la plateforme — et plus généralement à l’ensemble des géants du web, comme Google — fait son chemin au Congrès.
Plusieurs sénateurs défendent notamment un projet de loi qui obligerait ces grandes entreprises à plus de transparence en matière de publicités politiques, au lendemain du scandale de la campagne d’influence russe menée sur Facebook, Twitter et Google pendant l’élection présidentielle de 2016.
Sandy Parakilas est lui-même convaincu que seule une pression externe pourrait contraindre le réseau social à revoir sa position : « Facebook n’a aucun intérêt à encadrer cette collecte ou l’utilisation de ces données — sauf quand les régulateurs ou une couverture médiatique négative s’en mêlent. »
La priorité de Facebook ? Éviter une couverture médiatique critique
Toutefois, l’expérience de l’ancien salarié prouve que, même dans cette situation, Facebook cherche avant tout à s’assurer que les articles critiques à son encontre n’abondent pas trop. Il explique ainsi avoir signalé à son employeur la création, par un développeur externe, de profils d’enfants, réalisés sans leur accord et grâce aux données personnelles récoltées par Facebook.
Au lieu de tenter de mettre fin à cette pratique ou de couper l’accès à ses données, l’entreprise lui a demandé d’essayer de mettre fin à la couverture critique des médias. Quand à l’idée de se pencher sur l’utilisation faite de ces données par les développeurs, elle lui a valu une réponse claire de son employeur : « Est-ce que tu veux vraiment savoir ce que tu vas trouver ? »
Début novembre, alors que le Congrès demandait aux géants du web s’ils étaient prêts à plus accepter de publicités politiques payées en devises étrangères, Facebook est une fois de plus resté évasif — au vu des revenus importants qu’il tire de ce type de pratique. Dans un article publié le 20 novembre en réponse à ces critiques, le réseau social indique que ses utilisateurs peuvent toujours vérifier les permissions des apps proposées sur Facebook.
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