Nous suivons Shadow sur Numerama depuis les premières apparitions publiques de l’ordinateur français dans le cloud. On se souvient alors de notre première rencontre dans des bureaux un peu sombres, avec ces développeurs un brin rêveurs mais toujours talentueux, pour voir une techno encore présentée sur une carte mère nue, sans boîtier. À l’époque, on pouvait croire sans mal au bullshit : tout était impressionnant, mais transmis en local.
Puis la bêta privée a eu lieu et a suffi à nous convaincre : moyennant une connexion fibre optique, Shadow pouvait faire tourner nos jeux vidéo sans le moindre problème, de manière transparente par rapport à un ordinateur local. Le gros problème qu’il restait à surmonter pour Shadow, c’était bien entendu la possibilité de proposer son service à des clients qui n’avaient pas une connexion internet puissante. Après une levée de fonds de 50 millions d’euros et une année de raffinement, l’algorithme est aujourd’hui prêt à livrer ces clients.
Le 21 novembre, Shadow nous en a fait la démonstration à Paris. L’offre est maintenant compatible avec des connexions bien moins gourmandes qu’avant. Nous avons vu tourner Star Wars Battlefront II sur une connexion ADSL typique à 20 Mb/s : pour tourner sur un écran 2K (1440p) sans latence, le jeu n’avait besoin que de 13 à 15 Mb/s. Taquins, nous avons demandé aux ingénieurs de réduire le débit alloué à Shadow pour voir jusqu’où le jeu restait jouable : nous avons réussi à voir un jeu fluide et qui répond bien en-dessous de 5 Mb/s. Évidemment, l’image est dégradée, surtout sur un bel écran de 24 ou 27 pouces, mais le jeu est jouable dans ces conditions extrêmes.
Pour nous, cette dernière démonstration est la preuve de concept que nous attendions : on imagine profiter de Shadow sur une connexion ADSL sur un vieux laptop laissé dans une maison de campagne, ou sur un netbook équipé d’un processeur Intel Atom et dont l’écran n’est pas très grand. Sur de petites diagonales (entre 10 et 12 pouces), on n’a pas vraiment besoin d’une haute définition.
Pour arriver à ce résultat, tout est question d’anticipation pour Shadow. En effet, leur secret industriel et leur avance sur le marché résident dans leur algorithme de compression et la manière dont il sait anticiper avec succès l’envoi et la réception d’informations entre le client et le serveur. C’est surtout pour cela qu’on pourrait dire que Shadow est le Netflix du PC : on trouve au cœur des deux sociétés des problématiques similaires liées à la compression vidéo en temps réel. Shadow a, de son côté, le défi supplémentaire de la latence qui convient aux joueurs.
Et si le monde du gaming est convaincu, avec les exigences qu’on lui connaît, alors la bureautique est le cadet des soucis de l’entreprise : un bureau Windows s’affiche aujourd’hui sans latence avec une connexion qui ne dépasse pas 2 Mb/s. Du coup, Shadow va peut-être commencer à intéresser les professionnels de l’image ou de la conception 3D qui auraient besoin d’une machine puissante à distance, toujours disponible chez le client : il faut imaginer qu’on peut trimballer sur un iPad, un smartphone ou un ordinateur portable quelconque une machine équipée d’une GeForce 1080, capable des prouesses qu’on lui connaît.
Les ventes reprennent le 29 novembre avec des forfaits à partir de 29,95 € par mois qui viennent aujourd’hui sans le client léger physique — qui peut s’acheter ou se louer. L’ouverture à la Belgique et à la Suisse est prévue pour la fin d’année 2017. Aujourd’hui, Shadow a 12 000 clients sur liste d’attente : reste à voir si leur architecture saura encaisser la montée en charge. C’est tout ce qu’on leur souhaite.
Ulrich Rozier,
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