C'est une décision d'importante, qui révèle un peu plus la nouvelle trajectoire que souhaite emprunter Microsoft en vue d'entretenir des relations plus apaisées avec la communauté du logiciel libre. Longtemps honnie par cette dernière, l'entreprise américaine, qui a récemment déclaré son amour pour Linux, vient d'annoncer l'ouverture prochaine du code source du framework .NET.
Cette ouverture participe d'un mouvement global, qui permet justement à Microsoft de se détacher de la vente des logiciels pour aller vers la vente de services, notamment dans l'informatique à distance (hébergement de fichiers, traitement de données…). Cela se traduit concrètement par la décision de rendre Windows 10 gratuit pour les smartphones, les tablettes et les futurs objets connectés.
Qu'est-ce qui passe en open source ?
Dans son article publié jeudi, Microsoft indique que le passage en open source concerne le noyau .NET (".NET Core"), mais aussi l'environnement d'exécution ("runtime") et les bibliothèques de classes. Plus précisément, cette bascule vers l'open source concerne la version 4.6 du Framework, en cours de développement, mais aussi .NET Core 5.
L'ensemble du projet est désormais encadré par la licence MIT. "Il s'agit d'une licence de logiciel libre permissive (voire laxiste) sans copyleft, compatible avec la licence publique générale GNU", précise le site GNU.org. Autrement dit, le code peut être réutilisé dans un logiciel propriétaire sans que celui-ci ne soit contraint d'être redistribué aux mêmes conditions que la licence libre.
Jusqu'à présent, des pans importants du framework .NET sont déjà ouverts sur ReferenceSource. Mais ces derniers étaient restreints par une licence contraignante, baptisée MS-RSL (Microsoft Reference Source License). En gros, celle-ci autorise à consulter le contenu du code, mais, pour prendre le cas d'un développeur, uniquement au sein de son entreprise.
Pourquoi Microsoft opte-t-il pour l'open source ?
L'entreprise affiche son intention de poser les fondations d'une approche .NET unique pour toutes les plateformes. "La meilleure façon de construire une pile multi-plateforme est d'en construire une seule, dans un esprit de collaboration. Et le meilleur moyen d'obtenir ce résultat passe par l'ouverture du code source", estime Microsoft, qui souhaite bâtir et développer un écosystème "plus puissant".
Actuellement, "la problématique est que l'implémentation pour Windows repose sur une base tandis que Mono s'appuie sur une autre complètement distincte (Mono est l'adaptation libre de la plateforme de développement Microsoft .NET, ndlr). De fait, la communauté Mono a été essentiellement contrainte de ré-implémenter .NET car aucune implémentation open source n'est disponible".
Ce que ça change
L'ouverture de .NET modifie beaucoup de choses, pour ne pas dire énormément. Pour le développeur .NET Filip W, c'est un bouleversement. Il n'y aura bientôt plus besoin d'attendre des années durant l'intervention des équipes de Microsoft pour résoudre un souci avec .NET. Les bugs pourront être corrigés plus vite, offrant à la plateforme de nouvelles perspectives en matière de développement.
La gestion même du projet évolue, puisque Microsoft n'aura plus la totale maîtrise de .NET. C'est désormais une fondation indépendante, la .NET Foundation, qui supervisera le développement et la collaboration de la plateforme. Le mouvement opéré par Microsoft va donc bien au-delà de la simple opération de communication pour plaire aux libristes. C'est une véritable rupture avec le passé.
Pour Filip W, l'orientation de Microsoft et le choix de cette licence permettent de mettre de côté les problèmes juridiques en évitant le piège de la "pilule empoisonnée" que sont les licences libres "contaminantes" (c'est-à-dire celles qui obligent à reprendre les mêmes conditions), de sorte que les développeurs puissent se concentrer sur le développement plutôt que de s'improviser juristes.
En outre, les discussions et les avancées autour de .NET seront publiques. Les accords de non-divulgation autour des évènements ASP.NET MVP Summit sont désormais levés pour la plupart des conférences, permettant à ces dernières d'être diffusées librement sur YouTube. La communauté est ainsi invitée clairement à participer, même à distance, sur les orientations.
Où est hébergé le projet ?
Microsoft précise que les fichiers sont hébergés sur GitHub à cette adresse, afin de faciliter les échanges entre les membres de la communauté désireux d'envoyer de nouvelles contributions ("pull requests") et son personnel. Pourquoi GitHub ? Parce qu'il s'agit d'un site collaboratif reconnu chez les développeurs sur lequel se trouvent déjà de nombreux usagers du framework .NET.
"En principe, nous ne voulons pas demander à la communauté de venir là où nous sommes. Au lieu de cela, nous voulons aller là où elle se trouve déjà. D'après les retours que nous avons reçus pour de nombreux autres projets, il semble que la majorité de la communauté .NET se trouve sur GitHub", explique ainsi le groupe américain.
Une ouverture en cours
L'ouverture de .NET est une opération dont l'achèvement devrait survenir l'année prochaine, précise Venture Beat.. En avril dernier, Microsoft avait annoncé le passage en open source de 24 bibliothèques et de leurs technologies associées. Jusqu'à la prochaine conférence Build, le groupe américain va désormais s'atteler à compléter ce processus.
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