Après Amazon, Google et Facebook, on continue notre bilan 2017 des géants de la tech.
Uber : pouvait-on imaginer pire année ?
Les planètes semblaient alignées pour offrir à Uber sa pire année depuis la création de l’entreprise en 2009. 2017 commençait déjà mal lorsque le service s’érigeait en briseur de manifestations : profitant de la grève des taxis lors du muslim ban pour s’offrir davantage de bénéfices.
Un choix qui a conduit des millions d’utilisateurs à choisir Lyft et a popularisé le hashtag Delete Uber. Aux États-Unis, la concurrence étant désormais mûre, ce slacktivisme s’est ressenti dans les résultats de la firme.
Ce n’était alors que le début d’une longue agonie. Dès février, l’affaire Susan Fowler allait plonger l’entreprise dans une longue crise : la jeune ingénieur logicielle dénonce sur son blog une année « infernale » passée chez Uber. Elle critique vivement le sexisme prégnant au sein de la firme. Son témoignage fait l’effet d’une déflagration et elle est suivie par de nombreuses autres femmes. Les démissions s’enchaînent, les investisseurs forcent la main de la direction, le fondateur, Travis Kalanick finira par devoir, à regrets, quitter le navire.
Le slacktivisme s’est ressenti dans les résultats de la firme
Mais ce n’est pas la seule crise qui touche l’entreprise : le même mois, l’entreprise est attaquée par Google qui dénonce un vol de technologies. L’affaire juridique occupera Uber jusqu’à la fin d’année et mettra en péril certains de ses brevets. Ce n’est alors pas le seul problème juridique de la firme qui affronte également les régulateurs en Europe, notamment à Londres, puis la CJUE, perdant quasiment chacun de ses procès.
La presse américaine, piquée de curiosité par la chute de cette entreprise respectée, découvre de multiples facettes à l’entreprise désormais qualifiée de toxique : elle espionne illégalement ses concurrents et la police, et le patron, Kalanick, se révèle orgueilleux, violent et sexiste. On le découvre insultant des chauffeurs ou auprès de prostituées. Il démissionne en juin. L’homme tentera un retour, en vain.
On pensait déjà l’entreprise au plus bas : il a fallu qu’à la fin de l’année, la presse américaine découvre qu’Uber cachait au public une faille de sécurité massive depuis un an. Pas moins de 57 millions de clients auraient été touché par un vol de données. Uber a alors non seulement dissimulé illégalement cette faille interne, mais l’entreprise a aussi payé le silence des criminels. Une décision grave que la firme doit désormais expliquer devant les tribunaux à travers le monde.
Snap : des ralentissements au démarrage
En 2016, en préparation de son entrée en bourse, Snapchat devenait Snap. Inc. Cette année,l’entreprise de Venice Beach devait donc passer l’épreuve de l’IPO, se confronter à Wall Street et rassurer à long terme sur son business.
Si, au printemps, l’entreprise a plutôt bien réussi ses premiers pas en bourse, pouvant notamment se féliciter d’être la première entreprise technologique à tenter sa chance depuis de longs mois, elle ne restera guère longtemps à son prix initial.
Au contraire, d’un point de vue financier, l’entreprise a vécu une année difficile. Elle a dû encaisser durant la première partie de l’année les conséquences des copies de ses fonctionnalités par Facebook, et surtout Instagram. Elle a également vu sa croissance ralentir et ses revenus décevoir les investisseurs qui n’ont cessé de durcir le ton avec la firme.
La commercialisation internationale de ses lunettes connectées, les Spectacles, n’a guère inversé la tendance : malgré des résultats honnêtes, les ventes seraient en deçà des espérances.
Pourtant, difficile de ne voir que du noir durant cette année : l’entreprise s’est au même moment érigé en modèle de la publicité mobile et a signé de très beaux contrats. Annonçant une monétisation rapide et fructueuse. Elle a également su mettre en valeur ses rachats : Bitmoji est devenue une des applications les plus téléchargée sur l’App Store, et Zenly a offert une Snap Maps à Snapchat qui a séduit les utilisateurs tout en ouvrant de nombreuses possibilités pour le réseau.
En outre, la stratégie média de l’entreprise porte ses fruits et a su s’imposer auprès des grandes marques du secteur alors que Facebook perdait en crédibilité. Son hub, Discover, connaît un succès grandissant et Le Monde s’en félicitait dans nos colonnes. Aux États-Unis, NBC observe des résultats impressionnants pour ses contenus exclusifs à Snapchat.
En fin d’année, l’entreprise nous confiait qu’elle s’apprêtait à produire toujours plus de contenus vidéos avec des grands networks, notamment en France. Elle a depuis signé avec ABC, CNN, NBC, Time Warner et a monté un studio pour des micro-séries avec la NBCUniversal. Enfin, elle a dévoilé une nouvelle interface pour son application.
Misant sur une plus grande séparation entre média et messagerie, l’entreprise veut définitivement se démarquer en évitant les errements de Facebook.
Netflix : ce n’est pas le moment de se relâcher
Voilà, c’est fait, Netflix a 100 millions d’abonnés — même 109 aux dernières nouvelles. C’était le défi de l’entreprise de Reed Hastings en 2017, c’est une réussite.
Mais ce n’est pas le seul accomplissement de l’entreprise. Durant l’année écoulée, Netflix a, pour la première fois, dévoilé plus de films qu’un studio classique, a plus que doublé ses contenus originaux, et a investi à travers le monde. Il a en outre sorti ses premiers grands films : Okja, qui a entrainé une polémique cannoise, mais également The Meyerowitz Stories ou encore Bright, son premier blockbuster. La même année l’entreprise a signé un projet de Martin Scorsese. Hollywood ne croyait pas voir Netflix brusquer les grands écrans après les petits : c’est désormais fait.
2017, c’est aussi l’année où Netflix devenait un producteur comme les autres : la chaîne mettait fin à Sense8. C’était la première série vraiment populaire que l’entreprise terminait, entraînant un mouvement sur les réseaux sociaux qui a poussé la firme a signer les créateurs du show pour un film.
Netflix est aussi devenu une usine à franchises : à peine quelques jours avant que Disney officialise ses velléités pour le streaming, Hasting s’offrait la maison d’édition MillarWorld. Achetant par là des dizaines de franchises de super-héros, exploitées notamment par la Fox. Ainsi, le service veut se montrer confiant face à la future perte de franchises Marvel.
Netflix brusque les grands écrans après les petits
Côté petit écran, de nombreux contrats prometteurs ont également été signés, notamment avec Shonda Rhimes. La papesse du soap a accordé à l’entreprise un accord d’exclusivité qu’ABC, sa chaîne historique, a du mal à avaler. Damien Chazelle, oscarisé pour La La Land, a également signé pour une série parisienne.
Enfin, même si elle est moins touchée qu’Amazon, Netflix a subi les secousses de l’affaire Weinstein. L’entreprise a réagi rapidement en annonçant que Kevin Spacey ne serait pas au rendez-vous de House of Cards, sa série historique.
Le verdict
Netflix
Pour Netflix, c'est le début des ennuis. Jusqu'ici, l'entreprise a vécu ses meilleures années : pionnière et révolutionnaire, elle n'avait qu'à conquérir le monde. Maintenant, elle doit apprendre à garder son cap et à subir les contraintes qui vont avec la maturité de son marché. On pense à la concurrence, qui bien qu'encore affaiblie, se prépare. Mais aussi à la fin d'un âge d'or : avec 100 millions d'abonnés, Netflix a réussi la partie la plus simple de son pari. Il est évident que les prochains 100 millions seront plus difficiles à conquérir.
Mais là où les défis se multiplient, la firme de Reed Hastings collectionne les expérimentations et les investissements. Cette année, elle a dépensé plus de 6 milliards dans ses contenus. Un chiffre astronomique. Avec une telle force financière, la jeune pousse passe pour un colosse et reçoit l'attention de grands noms qui lui assureront probablement un avenir.
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