C’était la première conférence du CES et un événement à ne pas manquer. Pendant un peu moins de deux heures, Jen-Hsun Huang, CEO de l’entreprise, a pris la scène pour mettre en avant les innovations récentes de son entreprise. En une phrase, Huang a expédié le marché au cœur du business de la marque depuis des années maintenant : « Nous allons sortir des Big Fucking Gaming Display… des Big Format Gaming Display ». Des écrans monstrueux de 65 pouces entrant sur le terrain de la télévision et plaçant les technologies phares de Nvidia dans les salons — notamment G-Sync.
Après ce bref moment, Nvidia est entré dans le cœur de son sujet et ne l’a pas lâché : la voiture autonome. Ce nouvel état de fait a été montré en une seule diapositive : pour Nvidia, le gaming est le troisième marché le plus important qui entre dans ses cordes, après l’intelligence artificielle et la voiture autonome. Pour le constructeur, ces trois mondes sont pourtant imbriqués. Au cœur de cette stratégie, on trouve évidemment les GPU de la marque qui peuvent être aussi bien utilisés pour afficher des pixels à l’écran, effectuer des calculs complexes liés à l’apprentissage machine, mais également voir l’environnement et l’interpréter en temps réel.
Et sur ce dernier point, Nvidia entend bien convaincre l’intégralité de l’industrie automobile que ses technologies sont le meilleur choix pour prévoir l’avenir. Avec 320 partenaires — Uber et Volkswagen ont été annoncés hier comme des partenaires majeurs –, Nvidia a déjà des exemples concrets à montrer au public, qu’il s’agisse des véhicules de ZF en Allemagne ou de ceux des dizaines de constructeurs qui les intègrent déjà à leurs prototypes.
Au CES 2018, Nvidia a donc cherché à montrer qu’il était devenu parfaitement incontournable. Pour cela, la marque a mis en avant l’aspect plateforme des architectures qu’elle propose : avec les System on a Chip Xavier et les GPU Volta qu’on retrouve sur les cartes Px Pegasus présentées un peu plus tôt dans l’année, Nvidia développe également un jeu d’instructions et d’API « prêts à utiliser » pour les constructeurs dont l’informatique n’est pas le métier historique.
Tout cela se retrouve déployé et prêt à être utilisé dans des environnements de test logiciels qui font la puissance du package complet proposé par Nvidia. Au CES, en plus des caractéristiques de Xavier, nous avons pu découvrir comment une voiture autonome peut s’entraîner dans un environnement virtuel, complètement configurable par un ingénieur.
Nvidia veut entraîner les voitures sur des simulations complètes, proches d’un jeu vidéo
Imaginez, pour cela, une simulation en temps réel proche d’un jeu vidéo qui pourrait émuler tous les composants d’une voiture autonome avec une précision maximale et qui pourrait entraîner un véhicule. En changeant un paramètre, comme la position du soleil ou la qualité de la route, le véhicule pourrait apprendre un nouveau trajet. Multipliez ces trajets virtuels sur du matériel « émulé » et vous aurez une voiture qui encaisse des kilomètres en autonomie et apprend de ces trajets sans être sortie d’un vrai garage. Toute la puissance de la plateforme est alors sublimée : tout cet apprentissage est automatiquement transféré aux plateformes embarquées dans des voitures réelles qui auront virtuellement fait les centaines de milliers de kilomètres des voitures numériques.
Enfin, pour boucler la boucle de l’affichage de pixel à la voiture autonome, Nvidia a dévoilé au CES un nouveau composant de son écosystème : Drive AR. Comme son nom l’indique, il s’agit de réalité augmentée directement intégrée au tableau de bord des véhicules. Nvidia estime en effet que la voiture autonome a encore du chemin à parcourir et qu’il faut que les conducteurs apprennent à la conduire. La réalité augmentée permettrait, dans l’habitacle, de rendre visuellement ce que la voiture voit, rassurant ainsi le conducteur en phase d’apprentissage. À terme, elle pourrait aussi projeter des éléments sur les vitres pour donner des informations sur le trajet.
Bref, doucement mais sûrement, Nvidia construit tous les outils, logiciels et matériels, qui pourront servir à la voiture autonome. Si le plan du constructeur fonctionne — et on voit mal aujourd’hui qui aurait les compétences et les produits pour rivaliser –, on pourrait avoir oublié d’ici une dizaine d’années qu’il était longtemps connu uniquement par les joueurs sur PC.
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