Didier Durand le rappelait il y a quelques semaines. YouTube est passé de 15 millions de vidéos par jour délivrées en mars 2006 à 70 millions en juin pour dépasser les 100 millions en juillet. A l’heure où nous écrivons ces lignes, le dernier chiffre officiel est toujours de 100 millions mais si la courbe suit sa trajectoire exponentielle, le site a probablement dépassé les 150 millions de vidéos quotidiennes. Le coût en bande passante est estimé à plus de 2,5 millions de dollars par mois, et le chiffre d’affaires… à un chiffre proche de zéro. YouTube pourrait donc être le plus gros succès de l’histoire de l’internet du 21ème siècle… ou devenir le symbole du plus gros flop de la « Bulle 2.0 ».
Le site monté à San Mateo dans la Silicon Valley a écrasé les équivalents de Google, Microsoft ou Yahoo. Probablement qu’il n’avait pas anticipé lui-même une telle croissance fulgurante, et il se retrouve aujourd’hui pris entre deux feux. Comme beaucoup de start-ups, YouTube envisageait certainement d’être racheté par un des géants de l’internet, mais sa croissance sans modèle économique visible fait peur, tout comme le nombre de vidéos qui violent les droits d’auteur. Aujourd’hui, ses fondateurs sont presque condamnés à jouer cavalier seuls et à trouver le plus rapidement possible les modèles économiques qui rendront YouTube viable.
L’industrie du disque au secours de YouTube
C’est auprès des maisons de disques que YouTube trouve une première aide. Le co-fondateur Steve Chen a indiqué à Reuters que YouTube « veut vraiment dans les 6 à 12 mois, peut-être 18 mois, avoir sur YouTube tous les video-clips jamais créés« . Et pas question de faire payer l’internaute… mais apparemment pas question non plus de s’en remettre à la pub ! YouTube veut se différencier de tout le monde, y compris de Yahoo qui propose déjà des clips gratuitement, mais grâce à un financement publicitaire. « Son modèle économique est en train d’être développé en tandem avec toutes les grandes maisons de disques« , indique Reuters. C’est donc semble-t-il l’improvisation la plus totale et chacun essaye d’apporter sa pierre à l’édifice en espérant le solidifier assez pour qu’il ne chute pas trop vite. EMI et Warner ont confirmé à Reuters leur participation à l’élaboration du business model.
L’un des points sensibles à gérer avec les maisons de disques est la question des lip-synch, ces clips amateurs réalisés façon karaoké et qui emportent un franc succès sur YouTube. Alors que Universal voudrait tout simplement les interdire, EMI penche lui vers une solution de reconnaissance automatique des chansons qui permettrait à la maison de disques de toucher des royalties en partageant les revenus générés avec YouTube. Mais quels revenus ?
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