Ces dernières années, les formations au numérique ont accueilli moins d’étudiantes et de lycéennes. Alors que les femmes représentent 33 % des salariés du secteur, les initiatives se multiplient pour tendre vers davantage de mixité dans la technologie et le monde de l’entrepreneuriat.
Le 22 janvier 2018, Facebook s’est inscrit dans cette démarche. Un jour avant d’annoncer son investissement massif de 10 millions d’euros dans la recherche sur l’intelligence artificielle en France, le réseau social a laissé à Sheryl Sandberg, sa directrice des opérations, le soin d’annoncer le lancement d’un programme baptisé #SheMeansBusiness lors de son passage à Paris.
Une formation technique et des conseils
Son objectif : assurer la formation de 15 000 femmes dans le domaine du numérique sur le sol français. Le programme doit associer des enseignements techniques, sur des thèmes variés comme les réseaux sociaux, la technologie mobile ou l’analyse de données, à des conseils pour gagner en assurance et en efficacité.
Pour mettre en œuvre cette formation, le réseau social s’est tourné vers une entreprise qui se consacre justement à la promotion de la mixité dans le monde du numérique : Social Builder. Les représentantes de cette « startup sociale » ont profité de l’événement Facebook Connexions, organisé à la Station F de Paris le 23 janvier 2018, pour revenir sur ce partenariat et encourager les femmes présentes à se former au numérique.
« Facebook cherchait un acteur qui ait une très bonne connaissance à la fois du numérique, du leadership et des territoires, nous explique Emmanuelle Larroque, la directrice de Social Builder. Il s’avère que nous faisons cela depuis trois ans. Nous leur avons fait une proposition de programme, qui nous semblait adaptée pour parler au plus de femmes possibles. »
Une proposition rapidement adoptée, comme l’explique l’entrepreneure : « Nous avons rencontré Sheryl Sandberg, et je pense qu’on était tous convaincus que c’était le projet qu’il fallait pour amener plus de femmes dans l’entrepreneuriat numérique, et de manière générale dans les compétences numériques. Après quelques allers-retours, en un mois c’était réglé. »
« Démystifier la technologie »
La fondatrice de Social Builder ajoute que Facebook va laisser carte blanche à la startup pour organiser la formation de ces 15 000 femmes. Ainsi, Social Builder compte poursuivre un objectif, déjà moteur de son programme d’accompagnement Étincelles : aider les bénéficiaires de la formation à affirmer leur confiance en elles. « Il nous semble essentiel de démystifier la technologie et faire comprendre, qu’aujourd’hui, la question de la légitimité ne devrait pas se poser. Une fois qu’on a compris les fonctionnements et potentialités de la technologie, on peut tout inventer », assure Emmanuelle Larroque.
Face à un univers jugé trop technique ou une culture geek dont elles ne maîtrisent pas forcément les codes sociaux, certaines femmes peuvent parfois expérimenter un sentiment d’illégitimité. « Une de mes amies me disait encore hier qu’elle s’était enfin impliquée dans une startup, avec un projet de puce pour augmenter la puissance du cerveau humain. Elle m’a dit qu’elle avait hésité à y aller parce qu’elle ne se sentait pas légitime… alors qu’elle travaille dans le secteur depuis cinq ans », note la directrice de Social Builder.
« Parler aux femmes là où elles sont »
Pour trouver ces 15 000 femmes à former, la startup va miser sur ses partenaires actuels et la force de frappe de Facebook. Emmanuelle Larroque complète : « On essaye de travailler avec un maximum d’acteurs, de la formation, de l’écosystème entrepreneurial, des startups, de la French Tech, l’écosystème des réseaux du numérique, ou des réseaux de femmes. Facebook va aussi faire la promotion de la formation sur son réseau social. L’idée est de pouvoir en parler aux femmes là où elles sont, et c’est un bon outil pour le faire ».
Social Builder doit désormais organiser la formation pendant l’année à venir, avec l’objectif de proposer des enseignements pertinents aux 3 500 femmes qui y assisteront en présentiel, et celles qui en bénéficieront à distance. Le tout, toujours sous l’œil de Facebook. « On va organiser des Boot Camps de 500 à 2 000 personnes. C’est énorme, mais si on veut faire du massif il faut en passer par là. Il va falloir trouver les lieux qui s’y prêtent, pourquoi pas la Station F par exemple, sous réserve que Facebook trouve ça pertinent », propose Emmanuelle Larroque.
Concernant les formateurs, Social Builder va à nouveau compter sur ses actuels partenaires — par exemple, le Conservatoire des arts et métiers ou Télécom ParisTech. « Le défi sera de trouver des formateurs et des formatrices qui soient à l’aise avec notre public, et qui prennent notamment soin de bannir de leur discours les stéréotypes », conclut l’entrepreneure.
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