La grande surprise de la conférence de presse tenue hier en Californie était la tenue de Steve Jobs. Le patron d’Apple avait gardé son jean mais troqué son traditionnel col roulé pour une chemise marron. A côté de ce mini-évènement qui fera jaser la blogosphère, l’icône de la Silicon Valley a peu étonné.
Comme nous le rapportions hier en direct, Apple n’a pas dévoilé l’iPod à écran sensoriel 16/9 que nombre d’observateurs avaient anticipé. Le baladeur MP3 de la firme de Cupertino n’a évolué que dans ses caractéristiques techniques – avec un écran plus lumineux et une autonomie allongée, et dans son prix revu à la baisse (30 Go pour 289 Euros ou 80 Go pour 389 Euros). La version nano a elle aussi évolué avec en prime un nouveau boîtier en aluminium anodisé toujours plus fin et une version 8 Go en noir à 259 Euros. Mais il n’y a guère que le Shuffle qui a subit une véritable métamorphose, avec un design en forme de mini-pince en aluminium de 4,1 cm de long pour environ 15 g. La seule version disponible est l’iPod shuffle 1 Go pour 89 €. Dans l’ensemble, c’est surtout la baisse des prix qui est remarquable et qui démontre qu’Apple doit désormais composer avec la concurrence accrue des marques alternatives.
Sans surprise, Apple a également dévoilé son nouvel iTunes 7.0 avec une boutique iTunes Store revue pour intégrer jeux-vidéo pour iPod et films long métrages en 640×480. L’annonce est vue comme un évènement par la presse alors qu’elle est un véritable aveu d’échec de la part d’Apple.
L’iPod et l’aspirateur : le même destin ?
Alors qu’Amazon a réuni 30 studios dont six majors d’Hollywood, Apple ne rassemble que 70 films issus de quatre studios de la même maison mère Disney : Pixar, TouchStone, Disney et Miramax. Amazon a réussi le pari de convaincre les studios de ne pas confier leurs catalogues à celui qui est pourtant le plus grand vendeur de musique en ligne du monde. La firme de Steve Jobs se retrouve ainsi avec le seul Disney qu’il aurait été difficile de ne pas séduire puisque le patron d’Apple est devenu le plus grand actionnaire privé de la maison de Mickey depuis le rachat du studio Pixar. Finalement Apple ouvre son service de films à la demande en ayant convaincu personne d’autre que lui-même.
Et même dans ces conditions, la firme semble avoir fait des concessions. Alors que Steve Jobs s’est battu pour imposer à l’industrie musicale une tarification unique à 0,99 euros par titre, les films disposeront d’une tarification multiple : 9,99 dollars pour les films les plus vieux, 12,99 dollars pour les nouveautés, et 14,99 dollars pour les autres. Le tout avec des restrictions par DRM identiques à celles trouvées sur les clips et séries TV, c’est-à-dire entre autres sans la possibilité de graver le film acheté sur un DVD. Là encore, c’est un échec d’Apple qui, loin de se faire le précurseur, se retrouve derrière ses concurrents avec un service inférieur.
Dans un très bon article publié dimanche, le Guardian se demandait « pourquoi l’iPod devient moins cool« . Il y analysait le même échec à terme que Sony avec son Walkman. Mais plus génèralement les marques leader des débuts d’une technologie parviennent rarement à s’installer dans la durée. Pensez à Frigidère, Hoover (tellement répandu qu’il est devenu le nom commun pour les aspirateurs en Grande-Bretagne), Kleenex, K-Way, Tupperware, Caddie, Camping Gaz…
Là où le problème de l’iPod est unique, c’est que changer d’aspirateur pour passer d’un Hoover à un Dyson ne demandait pas d’acheter une nouvelle moquette. Alors qu’avec les DRM, passer d’un iPod à une autre marque de baladeur demandera d’acheter une nouvelle discothèque, compatible avec le nouveau baladeur. Si cet aspect a été longtemps ignoré par les médias et par le grand public, il risque de revenir comme un boomerang si la perte de vitesse de l’iPod se confirme, notamment au bénéfice des nouveaux téléphones mobiles avec support du MP3.
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