Les hommes qui conduisent pour Uber gagnent environ 7 % de plus par heure que les femmes, selon une étude des revenus de plus d’1,8 million de chauffeurs Uber.
L’étude, publiée le 6 février, a été réalisée par des chercheurs des universités de Chicago et de Stanford, en collaboration avec l’équipe économique d’Uber. Leur point de départ : le contexte actuel d’accroissement de la « flexibité » du travail et de la gig economy (terme utilisé pour désigner l’économie du travail payé à la tâche) profite-t-il aux femmes ? L’exemple d’Uber aurait tendance à faire pencher la balance vers le « non ».
130 dollars de moins par semaine pour les femmes
Les auteurs ont étudié les revenus de plus de 1,8 million de conducteurs, dont 27 % étaient des femmes. Ils ont ainsi découvert que ces dernières gagnent 1,24 dollar (environ 1 euro) par heure de moins que les hommes, et 130 dollars (soit 105 euros) de moins par semaine.
Ces résultats peuvent être inattendus pour Uber, qui affirme depuis longtemps que ses algorithmes de paiement sont censés être aveugles au genre, à la race ou à la sexualité des conducteurs. L’entreprise a toutefois été scrutée et critiquée pour sa culture d’entreprise jugée toxique et de nombreux cas de harcèlement sexuel impuni.
Mais cette fois, la disparité des salaires entre les conductrices et les conducteurs ne semble pas être liée aux méthodes d’Uber. Dans un post de blog, Uber a d’ailleurs précisé que l’étude ne prouvait nullement qu’une « réelle discrimination, par l’appli ou par les passagers, crée cette différence entre les salaires ». Il s’agirait plutôt d’un résultat des comportements des chauffeurs.
Par exemple, les chauffeurs masculins ont plus tendance à conduire dans des lieux aux tarifs plus élevés, à aller plus vite ou à accepter des trajets plus longs. Sans compter que les femmes restent moins longtemps sur la plateforme, alors même que les chauffeurs Uber les plus expérimentés sont souvent mieux payés.
Contraintes du quotidien
Les habitudes du quotidien jouent aussi. « Les hommes travaillent plus d’heures et prennent plus de courses que les femmes, en moyenne. Pourquoi ? Notamment, parce que les femmes ont plus de contraintes — par exemple, emmener les enfants à l’école le matin, devoir amener Johnny à son match de football… Et je pense que ces contraintes font que les femmes ont moins d’expérience et bénéficient moins d’apprentissage par la pratique », a expliqué à Freakonomics John List, un des auteurs de l’étude, professeur d’économie à l’université de Chicago et économiste en chef chez Uber.
« Ces résultats suggèrent que le rôle de l’apprentissage sur le tas pourrait jouer un rôle plus important dans les disparités de salaire entre femmes et hommes que ce que l’on pensait, concluent les auteurs de l’étude. Dans l’ensemble, nos résultats montrent que, même dans l’environnement aveugle au genre, transactionnel et flexible de la gig economy, les comportements dus au genre (notamment le temps qui n’est pas passé au travail et, pour les conducteurs, les préférences en termes de vitesse de conduite) peuvent créer des différences de salaire. »
Pour une des autrices de l’étude, la chercheuse de Stanford Rebecca Diamond, « Cela montre que les différences de salaire ne vont pas disparaître complètement tout de suite. À moins que, d’une manière ou d’une autre, les choses changent réellement dans la société, sur la façon dont les hommes et les femmes font des choix de vie, et pas seulement dans le marché du travail. »
Dans cette interview avec Freakonomics, John List a affirmé que Uber allait tenter de « réduire » les contraintes qui pèsent sur les conductrices. Toutefois, les dirigeants d’Uber ont écarté l’idée d’augmenter de 7 % le tarif de base pour les femmes, jugeant une telle mesure « discriminatoire ».
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