La RIAA a gagné sa défaite. En signant un accord à l’amiable avec l’éditeur Metamachine qui lui verse 30 millions de dollars de compensation, la RIAA a mis fin à eDonkey. Mais à quel eDonkey ? Loin d’être une victoire, c’est la légalité du P2P qui s’éloigne un peu plus.

L’agence de presse Associated Press l’annonçait hier soir : « La firme derrière le célèbre logiciel de partage de fichiers en ligne eDonkey a accepté de payer 30 millions de dollars pour éviter des poursuites éventuelles pour violation de droits d’auteur par l’industrie du disque, selon des documents judiciaires déposés mardi« . Le site officiel du site confirme la fermeture du logiciel, avec un message sans doute dicté par la RIAA, d’un ton menaçant destiné à faire naître la paranoïa chez les P2Pistes (« votre adresse IP a été loggée »). Mais il y a eDonkey et eDonkey.

Il y a le réseau eDonkey, et le logiciel eDonkey. L’accord révélé cette semaine ne porte que sur le second. Or le réseau eDonkey, inventé par MetaMachine en 2000, repose depuis déjà plusieurs années pour large partie sur le logiciel libre eMule. Selon les estimations, le logiciel open-source dominerait de 85 à 95 % du réseau eDonkey qui, par nature, n’est pas contrôlable. La mort officielle du logiciel eDonkey vient donc simplement débrancher un âne électronique qui était jusque là maintenu artificiellement en vie par ses créateurs.

Malgré les congratulations de la RIAA, l’accord ne constitue en rien une victoire contre le P2P illégal. Il prolonge au contraire une lutte acharnée entamée depuis l’affaire Grokster contre les seuls éditeurs de logiciels de Peer-to-Peer qui ont démontré une volonté de créer un modèle économique viable et profitable à tous. La somme des 30 millions de dollars égalise le chèque signé par BearShare lorsqu’il a fermé ses portes en mai dernier, mais reste très loin derrière les 115 millions de dollars versés par Kazaa. IMesh, WinMX et i2hub ont eux aussi capitulé au cours des derniers mois.

L’industrie ne veut pas tuer l’illégalité mais la concurrence

Avec la mort d’eDonkey, il ne reste guère plus sur la scène du Peer-to-Peer que les logiciels open-source qui, non contents d’être déjà les plus utilisés depuis l’apparition d’eMule et BitTorrent, sont aussi et surtout ceux qui par nature ne voudront et ne pourront négocier avec la RIAA ou l’industrie du cinéma. En mars de cette année, MetaMachine avait annoncé la préparation d’une nouvelle sortie d’eDonkey, suite à l’échec de négociations pour créer un service légal appuyé par l’industrie du disque. Le fait qu’ils préfèrent aujourd’hui capituler et verser 30 millions de dollars au lobby de l’industrie musicale montre à quel point les portes de la négociation devaient leur être fermées.

Et ceci démontre probablement aussi et surtout quelle est la véritable stratégie des majors du disque aux Etats-Unis et dans le monde. On ne peut pas croire un instant qu’une industrie si bien organisée soit si naïve et ignore totalement que ce type d’arrêt de mort coupe tout espoir de transformer des logiciels de P2P populaires en services marchands légaux, et au contraire renforce le P2P illicite appuyé sur les outils open-source. Ils semblent témoigner au contraire de la volonté de l’industrie du disque de limiter au maximum le nombre d’acteurs légaux de la distribution marchande, afin de pouvoir mieux les contrôler et organiser leur tarification uniforme. Tout acteur qui ne souhaiterait pas rentrer dans le moule serait contraint de mourir.

Ca n’est probablement pas un hasard si les seuls outils de P2P qui ont réussi à ouvrir une version légale (iMesh et Bearshare) ou qui en annoncent une (Mashboxx) délèguent la gestion de leur catalogue payant à Snocap, un service contrôlé de main ferme par les majors de l’industrie du disque.

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous voulez tout savoir sur la mobilité de demain, des voitures électriques aux VAE ? Abonnez-vous dès maintenant à notre newsletter Watt Else !