« J’ai parlé de toi à Tesla hier pour le vroom-vroom sur Num’.
– Ils vont me filer un Roadster du coup ?
– Ils aimeraient bien te prêter une voiture un week-end ‘pour que tu saches’. »
Après ce fameux week-end, j’aurais peut-être préféré ne pas savoir, justement.
Voilà comment a commencé ce petit essai, d’une Tesla Model S 100D noire, que je n’imaginais pas aussi grosse en vrai. C’est naturellement avec beaucoup d’excitation que j’ai reçu cette excellente nouvelle, le genre que vous partagez fièrement avec tous vos amis, encore plus avec les férus d’automobile.
Le fait est que nous avons déjà testé en long, en large et en travers cette voiture. Mais toujours est-il que je tenais quand même à immortaliser par écrit mon ressenti sur ce véhicule qui, a priori, ne sera jamais dans mon garage. Et quand je dis que j’aurais préféré ne pas savoir c’est bien évidemment parce que je suis tombé amoureux de la Model S que j’ai eu l’immense honneur d’essayer.
Volonté de penser à tout
Je connaissais déjà les plaisirs de la conduite électrique grâce à mon idylle de trois ans avec une Renault ZOE. En passant sur une Model S, on passe un cap, plusieurs mêmes. Normal : le prix n’est pas tout à fait le même — 130 000 euros dans le cas de mon aventure d’un week-end. On parle ici d’un véhicule très, très haut de gamme avec des prestations premium, et auquel il ne manque pas grand-chose, sinon le prestige d’une marque, Tesla s’installant tout doucement sur le marché.
C’est d’ailleurs une chose à garder en tête : si le constructeur américain démarre à peine, ses voitures affichent déjà de sérieux arguments et une maîtrise assez inouïe. Un sacré sens du détail aussi. Exemples : l’immense tablette tactile peut passer en mode nettoyage pour que l’on passe un chiffon sans enclencher aucune commande, il existe une possibilité de passer en mode voiturier pour cacher des informations personnelles si quelqu’un d’autre doit garer la voiture… On est dans l’anecdotique, mais dans l’anecdotique qui compte, saute aux yeux et témoigne d’une volonté de penser à tout et de bien faire.
On se sent très vite à l’aise dans une Tesla.
On pourra pester sur les quelques défauts de jeunesse. Ainsi, les poignées de porte sont mal mises en valeur et, par extensions, pas très pratiques. Un constat que l’on peut également appliquer aux comodos, méritant un meilleur placement et une conception à la hauteur du reste.
Voiture évolutive
Le reste, justement, relève du sans-faute. On se sent très vite à l’aise dans une Tesla grâce aux équipements multiples (mention spéciale à l’abonnement Spotify offert) et aux possibilités de personnalisation nombreuses. A l’évolutivité aussi. Avant de m’installer dans la voiture, Tesla m’a expliqué que ses produits pouvaient recevoir des mises à jour à tout moment, pour ne pas rester à la traîne, sans besoin de passer par un garage. Ce qui revient à dire qu’une Tesla est moins un véhicule qu’un PC capable de s’adapter à des standards futurs.
Pour preuve, les dispositifs autorisant la conduite autonome sont déjà installés et il ne manque plus dès lors qu’à ajuster la partie software. Ce faisant, votre Tesla d’aujourd’hui ne sera pas dépassée dans plusieurs années. Un argument qui compte et qui permet de mieux avaler la facture finale.
Pourquoi on en veut une ?
Au volant, la Model S est un bonheur de tous les instants. Son gabarit a beau être imposant — sans doute trop pour nos routes françaises (on sent l’origine américaine) — elle se conduit en toute facilité. Les roues collent à la route, les trajectoires sont franches et fluides, le ressenti léger. Et puis il y a cette accélération… On n’a que peu l’habitude de passer de 0 à 100 km/h en un peu plus de 4 secondes. Il y a cette impression de décoller, sachant qu’un appui franc sur la pédale scotche littéralement au siège. Comme dans Space Mountain.
Face à une telle aisance dans la performance, conduire une Model S oblige à redoubler de vigilance : on arrive trop vite à 90, presque sans s’en rendre compte. Une preuve qu’elle en a sous la pédale, une puissance qu’elle compense avec un frein moteur idoine qui s’enclenche et rappelle sa présence dès qu’on relâche la pression sur la pédale. C’est une autre façon de conduire, doublée d’un plaisir immédiat et d’une envie de rester sur son siège.
Je terminerais mes impressions en évoquant l’autopilote, que l’on peut considérer comme l’embryon de la conduite autonome. Au départ, l’idée de laisser le contrôle de la trajectoire et de la vitesse à la voiture ne m’enchantait guère, m’effrayait pour être franc. Finalement, je me suis pris au jeu : passées les premières secondes d’appréhension, on se laisse porter et on goûte, un peu en avant-première, à la mobilité de demain (il faut quand même garder les mains sur le volant). Un ami vivant à Los Angeles me soufflait même qu’il activait très souvent cette fonctionnalité, preuve qu’il y a déjà des gens qui sont prêts à franchir le pas malgré les réticences naturelles.
Voilà pourquoi il vaut mieux ne jamais essayer une Tesla. Au-delà du souhait d’en posséder une, le retour à la normale — la conduite thermique en citadine peu puissante — est très douloureux. Merci quand même.
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