« Nous, c’est l’équipe du ValentineCoin, un projet parisien, dans la blockchain :). On a décidé de prendre le secteur des cryptos à contrepied, pour offrir un produit Saint Valentin. Si on devait résumer, c’est comme un cadenas sur le Pont des Arts, mais numérique et dans la blockchain. » On pourrait vous laisser avec ce petit message de présentation reçu hier soir sur notre compte Twitter et boucler cet article : tous vos détecteurs à bullshit seraient passés au rouge et vous auriez ri ou pleuré, en vous rappelant qu’en France, on a des idées…
Dépassons les préjugés et saluons l’audace de ces « entrepreneurs » qui viennent à découvert nous parler, sans honte aucune, de leur bébé. Qu’est-ce que le ValentineCoin ? D’après le site du projet, il s’agit d’un « Crypto-cadeau », basé sur la blockhain Ethereum. On vous promet qu’il s’agit de l’équivalent moderne du cadenas sur le pont des Arts, mais que, contrairement à leurs homologues de ferrailles, il ne se fera pas défoncer à la tenaille russe par les équipes de la Ville de Paris. Non, le ValentineCoin est là « pour l’éternité » (lire : jusqu’à ce qu’un bug, un vol ou la fin de la techno-humanité les efface).
Ironiquement, le lien « Comment ça marche » en bas de la page ne fonctionne pas. Mettons cela sur le compte d’une balise HTML mal renseignée et non sur la volonté de planquer du vent. Pour acheter un « ValentineCoin », il faut dépenser une trentaine d’euros au cours actuel de l’ether. Il vous faudra donc un portefeuille qui en contient pour acheter ce dérivé.
À la fin, vous aurez la possibilité de voir que votre transaction a bien été effectuée au moyen d’un contrat intelligent et vous obtiendrez également un certificat que vous pourrez montrer à votre moitié pour lui témoigner de votre amour. Comme le dit avec moins de pincettes la journaliste Tori Preston pour Pajiba : « Vous avez dépensé 30 dollars pour ne rien offrir à la personne que vous aimez ». Après tout, qui sommes-nous pour juger votre manière de témoigner votre amour ?
Au-delà du coup marketing (jouer avec le terme « blockchain » rapporte de l’argent en 2017 et continuera à en rapporter en 2018 — le projet est d’ailleurs affiché sur ProductHunt), ValentineCoin pose la même question que les CryptoKitties et autres chiens blockchain quelques semaines plus tôt : pourquoi ?
La blockchain, en tant que technologie de pointe, est pleine de promesses. Les whitepapers associés aux différentes plateformes évoquent le futur de l’entreprise, des transactions, de la logistique, de l’humanitaire pourquoi pas des banques et de notre système financier tout entier. On est prêt à le croire, on veut y croire. Et pourtant, chaque semaine est l’occasion d’une nouvelle chaîne de Ponzi (lire l’enquête récente de StreetPress sur le OneCoin) ou d’un nouveau concept particulièrement idiot qui vient saturer l’espace médiatique — et pas forcément à tort, il est important de mettre en garde. Dans le même temps, effet secondaire, un concept qui a du succès peut aussi saturer les plateformes, comme le rappellent nos confrères de NextInpact.
On pensait avoir atteint en 2017 le pic de la blockchain par l’absurde, avec l’engouement grand public pour la technologie autour de la spéculation, les arnaques et le marketing, mais nous voilà rassurés : 2018 a encore des cartes à jouer. Changer le monde peut bien attendre : nous avons des images de chats uniques et des transactions amoureuses.
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