Le projet de loi sur le droit d’auteur et les droits voisins dans la société de l’information (DADVSI) n’y changera probablement rien pour le deuxième semestre. Mais le premier, qui a connu les débats intenses autour du projet de loi DADVSI, donne des signes inquiétants pour l’industrie du disque. Le chiffre d’affaires des ventes en gros de disques (singles, albums et vidéos) a chuté de 11,3% par rapport à la même période de l’année dernière, indique l’organisation qui représente les principales maisons de disques en France. Il s’est établi à 353 millions d’euros. La tendance baissière était attendue par la filière, mais elle est supérieure à celle attendue.
Si le numérique connaît une progression de 79 %, il ne représente toujours que 20,2 millions d’euros et environ 5 % des achats de musique enregistrée, tous supports confondus. Le mobile et ses sonneries restent le premier marché de la musique numérique, avec 64 % du marché dématérialisé contre 36 % pour l’ordinateur. Il suffit de se rappeler que seuls 0,6 % de consommateurs équipés de téléphones mobiles écoutent de la musique sur leur portable en France pour se dire à quel point le marché est petit, mais aussi combien il est potentiellement fructueux pour l’industrie du disque.
Chercher les coupables du déclin
Pour le moment néanmoins, la filière musicale cherche toujours un bouc émissaire qu’elle peut accuser plutôt que de se remettre elle-même en question. Après ses propres clients, elle s’en prend à nouveau aux fournisseurs d’accès à Internet. « Les FAI ne nous aident pas, ils n’ont jamais montré qu’ils étaient actifs dans leur soutien à l’industrie du disque« , a dénoncé Christophe Lameignère, le nouveau président du SNEP. L’organisation voudrait remettre sur la table l’accord FAI-majors signé en juillet 2004. Hervé Rony, le directeur général du Snep, avait déjà eu l’occasion d’indiquer à 01Net son mécontement de voir les FAI respecter la charte à la lettre, sans participer plus activement à la campagne de propagande. « Ce texte a été appliqué à la lettre mais pas dans l’esprit. Nous avons été très déçus par l’absence d’une véritable campagne pédagogique de sensibilisation au téléchargement légal de musique. En lieu et place, toutes ces informations sont mentionnées certes, mais elles sont le plus souvent présentées aux internautes comme ces conditions particulières contractuelles que l’on voit défiler en bas de l’écran quand on regarde une publicité à la télévision« , avait-il ainsi déclaré.
Mais jamais, ô grand jamais, l’industrie n’accusera les vendeurs de musique en ligne français de réaliser un très mauvais travail, avec des plate-formes qui manquent totalement d’audace et d’imagination. Jamais non plus n’avouera-t-elle que le disque a été canibalisé dans les rayons des grands magasins par le DVD et par le jeux-vidéo. Jamais enfin n’admettra-t-elle que la campagne de terrorisation de l’internaute menée depuis le début des années 2000 a profondément heurté l’image des artistes et des maisons de disques. Les internautes, qui étaient aussi des clients, sont de plus en plus nombreux à renoncer à l’achat d’un disque lorsqu’il est édité par Universal, Sony BMG, Warner ou EMI, les quatre majors qui se partagent 85 % de la musique enregistrée dans le monde. Enfin un jour peut-être réalisera-t-elle que les DRM n’ont pas contribué à l’essor des plate-formes de musique en ligne, bien au contraire.
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