Les technologies de reconnaissance faciale étant de plus en plus efficaces, leur usage se répand à grande vitesse et dans de multiples domaines, du déverrouillage des smartphones à l’identification des photos sur Facebook, en passant par la surveillance policière en Chine, suscitant de nombreuses inquiétudes en matière de respect de la vie privée.
« Pare-feu » anti-reconnaissance faciale
D-ID (pour « de-identification »), une startup israélienne, entend répondre à ces inquiétudes, en aidant les gens, et leur visage, à rester anonyme dans un monde hyperconnecté, rapporte Reuters. L’entreprise affirme avoir développé une sorte de « pare-feu » permettant de bloquer les technologies de reconnaissance faciale.
L’idée est venue aux fondateurs de D-ID, il y a près de dix ans : le CEO Gil Perry et le COO Sella Blondheim se sont rencontrés au sein des forces spéciales de l’armée israélienne, et le CTO Eliran Kuta était membre des services de renseignement. Ils devaient alors déjà faire attention aux technologies de reconnaissance faciale, car ils avaient occupé des postes sensibles. Perry et Blondheim se sont sentis particulièrement frustrés lors d’un voyage en Amérique du Sud, réalisant qu’ils ne pouvaient partager leurs photos de voyage en ligne comme leurs amis. C’est ainsi qu’ils ont commencé à chercher un moyen de partager leurs photos, tout en protégeant leur identité.
« Contrairement aux mots de passe, on ne peut pas changer nos visages. »
Le but : déjouer les algorithmes de reconnaissance faciale, qui analysent le visage d’un individu, et le comparent à des milliers de photos numérisées dans une base de donnée — un peu comme avec les empreintes digitales.
« De plus en plus d’organismes utilisent nos visages comme des identifiants, pour accéder à nos téléphones, pour retirer de l’argent ou pour les contrôles aux frontières. C’est pourquoi nos photos doivent être protégées : contrairement aux mots de passe, on ne peut pas changer nos visages », explique le CEO de D-ID Gil Perry.
Photos légèrement modifiées
« D-ID offre un système qui protège les images des reconnaissances faciales automatiques et non autorisées », est-il expliqué sur le site de la start-up. Leur programme modifie suffisamment les photos contenues dans les bases de données pour qu’elles échappent aux algorithmes de reconnaissance faciale. Les modifications sont très légères, et ne sont dont pas facilement visibles à l’œil nu.
Les entrepreneurs ont affirmé à TechCrunch que leur technologie est conçue pour être difficile à surmonter même pour les intelligences artificielles, mais n’ont pas détaillé comment.
Le programme de D-ID est destiné à trois acteurs : les entreprises qui ont besoin de protéger les photos de leurs employés ou de leurs clients, les organismes d’assurance santé, et les gouvernements et agences de sécurité qui veulent sécuriser leurs données biométriques. La startup a ainsi signé un certain nombre d’accords préalables avec des organisations gouvernementales, mais n’a pas souhaité précisé avec qui, ni pour quel prix.
Lancement fin mai
Le lancement est prévu pour la fin mai, et doit coïncider avec la mise en application du RGPD, le règlement européen de protection des données. Pour commencer, D-ID va par ailleurs réaliser un programme d’essai avec Cloudinary, une entreprise qui gère un cloud d’images pour les développeurs web et mobiles, afin de protéger ses plus de 14 milliards de fichiers médias.
Selon Yuval Elovici, directeur du centre de recherche sur la cybersécurité de l’université israélienne Ben Gurion, interrogé par Reuters, la technologie de D-ID est une étape importante pour la vie privée, mais a aussi des limites. « On ne peut pas obliger tout le monde à utiliser cette technologie et à ne publier des photos qu’après qu’elles ont été transformées », a-t-il remarqué.
Par ailleurs, la technologie de D-ID peut poser problème aux agences policières, qui auraient plus de mal à trouver des suspects. La startup travaille par conséquent sur une solution permettant à ces agences d’authentifier les identités des suspects sans stocker les informations biométriques. Gil Perry n’a toutefois pas précisé comment.
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