Décembre 2017, Palmer Luckey tranchait : il n’est pas possible de réaliser un casque de réalité virtuelle à moins de 100 $. Interpellé sur Twitter à ce sujet, le père d’Oculus se trompait.
Aujourd’hui cette discussion semble amuser Maxime Coutté, 16 ans, qui a justement réussi ce défi. Lycéen français, le jeune homme dont l’envie initiale se rapprochait de Luckey — faire chez soi le casque que l’industrie ne veut pas produire — a de quoi rire.
L’entreprise du Club Informatique
Il nous confie n’avoir jamais fait le rapprochement entre l’aventure de cet Américain qui a inventé l’Oculus Rift dans son garage et sa propre réussite : développer un casque de réalité virtuelle chez lui.
Humblement, il fait davantage le parallèle entre sa démarche et celle qui a permis à la souris informatique de devenir un objet de tous les jours. Il rappelle qu’à son sens, « les deux défis de la démocratisation de la VR, c’est le prix et le contenu. » Avant d’ajouter : « On peut faire un parallèle avec la démocratisation de la souris, qui est due à deux choses : le prix est passé de 300 $ dans les laboratoires Xerox à 15 $ dans ceux de Apple — la souris a fait sens avec la diffusion des interfaces graphiques. »
Pour celui qui a commencé l’informatique « un peu par hasard », le discours se fait mesuré, référencé, mais enthousiaste. On croirait entendre un entrepreneur. Pourtant, à l’inverse de Luckey, Maxime Coutté n’a pas prévu de faire des millions.
Le vrai intérêt de son projet, en dehors du faible coût de production, est à trouver du côté des convictions open source qui accompagnent le casque. Il rappelle que ses principales envies pour son casque sont à trouver auprès de la foule grandissante de passionnés : « On est une petite équipe, on a montré ce qu’il est possible de faire. Aujourd’hui notre objectif est de créer une communauté de contributeurs avec qui on l’espère, on pourra améliorer notre technologie. »
« notre objectif est de créer une communauté de contributeurs »
Au crédit de l’éducation nationale, que l’on accuse souvent de tuer des brassées de génies de l’informatique, c’est au collège que Coutté commence son voyage en terre numérique. Son professeur de maths l’invite au Club Informatique et tente de transformer les capacités du gamin en intérêt pour l’algorithmique. Trois ans plus tard, c’est une passion du lycéen.
« Ce que l’école ne m’apportait pas, je l’ai appris tout seul »
Dans la famille Coutté, cette précocité apparaît naturelle : Maxime rappelle qu’il a grandi dans un milieu artistique avec un père peintre, un frère dessinateur et le reste de la fratrie vouée à la musique. Dans ce milieu qu’il le rend « très libre et curieux », il voit les limites de son apprentissage scolaire et se tourne vers ces cours en ligne populaires depuis les années 2010 : les MOOCs. Il raconte : « Ce que l’école ne m’apportait pas, je l’ai appris tout seul. Sur internet il est possible de se former à n’importe quelle discipline. »
La réalité virtuelle et ses technologies se dévoileront à lui à travers cette méthode d’autodidacte forcené. Mais avant même de s’y intéresser, il en saisit le potentiel en voyant son père, pourtant peu versé dans les jeux vidéo, être « bouche bée et transporté avec les jeux en réalité virtuelle ».
Le paternel peintre, n’ayant jamais joué, donne l’appétit du monde parallèle à sa progéniture. La construction du casque maison débute. De bric et de broc, ou presque. On imprime en 3D le casque, on aligne les éléments, et on tend à contenir le budget : « En travaillant, en partant de rien, en utilisant toutes les connaissances et les progrès disponibles en 2017, j’ai évité de répliquer les problèmes des technologies pensées en 2013. »
Le projet, version cool du porte-clef lumineux de classes de technologie, touche à sa fin quand Maxime comprend son potentiel. Pour son propre amusement, il a fait mentir le secteur de la VR et ses présupposés. Il tempère quand même : « Un casque construit autour de la contrainte du prix est moins confortable et moins performant que l’Oculus… » Toutefois, à la différence du Rift, ce casque-là, open source et accessible, à peut-être une chance d’aider à la démocratisation de la VR.
C’est tout ce qu’espère désormais Maxime.
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