« J’ai accepté cette mission publique absolument gratuitement« , avait dit Pierre Lescure pour se défendre de tout conflit d’intérêts, lorsque l’ancien président de Canal+, qui a de multiples intérêts dans l’industrie audiovisuelle, s’était vu confier par son ami François Hollande le soin de diriger la mission visant à remplacer la loi Hadopi.
Son travail avait abouti en 2013 à un long rapport riche de très nombreuses propositions, dont celle de conserver la loi Hadopi et sa riposte graduée, de la confier au CSA avec des amendes administratives, de renforcer la lutte contre le partage illégal des oeuvres sur internet (notamment par le déréférencement des sites proposant des contenus piratés sur Google et autres moteurs de recherche), ou de taxer les smartphones ou tablettes au bénéfice de l’audiovisuel. Mais aussi, d’assurer une taxation des plateformes de VOD étrangères, et assouplir la disponibilité des contenus pour les diffuseurs légaux sur internet.
Dès avant sa mission, Pierre Lescure avait écarté toute idée de légaliser les échanges P2P par un mécanisme de type licence globale, et ses conflits d’intérêts avaient provoqué la colère de l’UFC-Que Chosir ou la Quadrature du Net, qui avaient boycotté les auditions. « La mission de définir les orientations des politiques portant sur la culture et Internet est confiée à une personne fortement impliquée dans les intérêts privés de la production, distribution et promotion des médias« , avaient-ils dit à leur époque, tandis que Lescure avait répondu par le mépris.
SAUVER LA TÉLÉVISION SUR INTERNET
Deux ans plus tard, Pierre Lescure leur donne plus que jamais raison. L’homme aux multiples casquettes, qui était déjà devenu président du Festival de Cannes à la faveur d’un rapport très conciliant avec ceux qui l’ont nommé, a fait savoir qu’il était aussi le vice-président stratégie et développement d’un service de VOD en cours de création, Molotov TV, qui prétend réinventer la télévision sur internet. Il rejoint un projet créé par l’équipe d’Allociné et présidé par son fondateur Jean-David Blanc, qui a déjà reçu 10 millions d’euros de fonds de lancement.
« Non, l’Internet ne va pas tuer la télévision, bien au contraire ! Il est une chance pour elle de connaître un renouveau, une nouvelle étape de son développement, dans un écosystème qui peut être respectueux et vertueux. Une opportunité de lui offrir les conditions de sa mise en valeur et les moyens de sa pertinence, gages de sa survie« , écrivent-ils ensemble dans une tribune dans Le Monde.
Le concept est encore nébuleux mais promet de « donner accès aux chaînes de télévision de manière innovante ». « Fini le zapping à l’ancienne, terminé les heures passées à chercher quelque chose à regarder, ou manquer un programme ! Molotov va vous permettre de profiter pleinement de la richesse et de la diversité des programmes proposés par les chaînes de télévision. D’abord lancé sur le web, Molotov sera disponible petit à petit sur tous les écrans« , promet le site officiel, qui collecte pour le moment les inscriptions à la bêta, prévue dans « quelques semaines ».
Le site ouvrira ses portes au public à l’automne 2015.
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