Cela commence dès les abords du salon : une pub géante interpelle directement Monsieur Elon Musk d’un familier « Your turn, Elon ». C’est Hyundai qui fait la promo de son premier petit SUV électrique, le Kona. Puis dans le trafic on croise un SUV Audi pas comme les autres avec son camouflage noir et blanc. C’est un des 250 exemplaires de développement du premier véhicule électrique de la marque (attendu à la fin de l’année) sillonnant les rues de la ville, histoire de contrer la communication de Jaguar qui présente en première mondiale la version définitive de son SUV électrique i-Pace. Voilà le ton donné : cette année, le salon de Genève sera électrique ou ne sera pas.
La voiture électrique, reine du salon
Pourtant, parmi les quelque 700 000 spectateurs qui vont s’y presser, beaucoup se masseront encore autour des stands des constructeurs de luxe et autres préparateurs de supercars au plus ou moins bon goût et aux V8 débordant de puissance.
Mais certains aussi feront la chasse aux photos de voitures dites écologiques avec l’application Salon Car Collector fournie par l’organisation. L’idée est de collecter les photos de voitures à basses émissions comme on collectionnait autrefois les vignettes Panini ou plus récemment les Pokémon… L’organisation a également annoncé une conférence bisannuelle qui se tiendra à l’IFA et à Genève, pour « examiner la façon dont les nouvelles technologies changent notre façon de penser, de vivre et de conduire ».
Signe des temps, le vent tourne et on s’intéresse de plus en plus à l’énergie électrique, boostée par la crise du diesel et portée par l’image performante et cool mise en place par Tesla. Tesla, l’ennemi de tous les constructeurs qui cherchent par tous les moyens à atteindre son niveau de maîtrise du système de gestion de la batterie, clé de l’autonomie si précieuse. Et les nouveautés ne manquent pas pour tenter sa chance, entre petits constructeurs artisanaux comme il y en a toujours beaucoup à Genève, grands constructeurs et startups qui se lancent à coups de centaines de millions de dollars d’investissement pour certaines.
Nous avons déjà évoqué le cas de Porsche qui a surpris tout le monde avec sa Mission E Cross Turismo. Un modèle probablement pas loin de la série car nous avons surpris les gens de Porsche intervenir sous le capot, derrière un voile noir tenu en place avec zèle. Également déjà détaillés ici, les concepts de Volkswagen (I.D. Vizzion), Aston Martin (Lagonda Vision Concept), la Polestar 1, spin-off de Volvo dans le domaine des énergies alternatives et l’hypersportive Rimac Concept Two. Toutes ces autos, mêmes si elles ont des philosophies très différentes, ont pour point commun d’être des modèles très performants et cherchant à viser le très haut de gamme et ses marges confortables.
Une concurrence qui pointe face aux modèles sportifs traditionnels si appréciés à Genève, avec un même niveau de performance (l’électrique permet les plus fortes accélérations de 0 à 100 km/h) et des vertus qui, à défaut de convaincre par leur aspect écologique, trouvent des arguments face aux limitations de circulation en centre-ville, près des hôtels de luxe et des casinos…
Ainsi, même des constructeurs très généralistes s’y mettent, comme le coréen Hyundai et son concept Le Fil Rouge (en français dans le texte, c’est plus chic). Une magnifique limousine électrique aux lignes très fluides, signée du célèbre designer belge Luc Donckerwolke, à l’origine notamment des Lamborghini Gallardo et Bentley Flying Spur. Le constructeur explique que les lignes respectent un « nombre d’or » pour trouver les proportions idéales.
Prolifique au Salon de Genève, Hyundai présente aussi une version électrique de son petit SUV, le Kona, rival des Renault Captur et Peugeot 2008. Sauf qu’aucun d’entre eux n’a de version EV. Le Kona Electric affiche 204 ch et 482 km d’autonomie selon la nouvelle norme WLTP — c’est important, car elle est assez réaliste. Une version plus modeste offrira 135 ch et 300 km d’autonomie. Des prestations très prometteuses donc, pour un lancement prévu dès cet été (prix NC). Pas de date en revanche pour le Nexo, autre SUV de la marque qui est, lui, alimenté par une pile à combustible et un réservoir d’hydrogène.
Design italien, argent chinois
Traditionnellement à Genève, les studios de design y présentent leurs dernières créations. C’est le cas de Pininfarina avec son Grand Coupé HK GT, fort de 4 moteurs électriques cumulant plus de 1 000 ch et boostant son autonomie jusqu’à plus de 1 000 km à l’aide d’une microturbine. Une technologie montrée depuis un moment par le chinois Techrules, qui en propose une application sur un prototype de compétition, la Ren RS.
Le studio GFG Style, designers de père en fils (G pour Giugiaro, un des noms les plus prestigieux du genre) propose une limousine électrique au toit transparent et utilisant une énergie aux origines voulues aussi transparentes, via son partenaire chinois Envision. L’auto fait partie d’un smart grid (réseau intelligent), capable de redistribuer l’énergie accumulée dans sa batterie de 75 kWh.
Autre collaboration sino-italienne, LVCHI Auto et le studio IDEA proposent la Venere, une luxueuse limousine électrique haute performance de plus. Là aussi, les chiffres dépassent l’entendement avec plus de 1 000 ch, moins de 3 s de 0 à 100 km/h et près de 300 km/h en pointe, le tout dans un gabarit de plus de 5 m et plus de 2 tonnes sur la balance, avec plus de 600 km d’autonomie…
La raison de ce déferlement superlatif chinois ? Les autorités obligent les constructeurs de plus de 30 000 véhicules/an de produire 10 % de voitures électriques ou à très basses émissions dès 2019, 12% en 2020. Une dynamique qui, conjuguée à la relativement forte demande pour des véhicules de luxe, conduit à cette multiplication de l’offre dans ce marché qui est le premier au monde. Et rien de mieux pour y trouver sa crédibilité que de s’appuyer sur des partenaires design européens à la réputation mondiale.
Eh bien volez maintenant !
Entre science-fiction et réalité, cela fait un moment que l’on voit apparaître des projets de voitures volantes ou drones roulants, au choix. On est en droit de se poser beaucoup de questions sur la viabilité de tels projets, notamment devant les réglementations de vol qui se doivent (heureusement !) d’être très strictes. Quel intérêt pour un tel engin s’il doit être utilisé uniquement au-dessus d’un terrain privé par exemple ?
Pour se rassurer, le projet porté par un grand nom comme Airbus, en collaboration avec Audi et le célèbre studio Italdesign, donne à penser qu’une voie sera peut-être possible à l’avenir. Le Pop.up Next est une itération du concept vu l’an dernier, plus stylé, plus léger, avec toujours l’idée d’accrocher sur le toit d’une mini auto électrique 2 places un quadri-rotor de drone géant. Les 4 anneaux du logo Audi ?
Nous ne sommes pas encore près de voir des taxis volants façon 5e Element, mais certaines applications se précisent. De toutes façon, la mise au point de tels engins demande des années, même si des petits fabricants comme le hollandais Pal-V et son gyrocoptère roulant sur 3 roues, lui aussi à Genève, proposent d’ores et déjà des préréservations pour leurs modèles (299 à 499 000 €) avec dépôt fiduciaire, soit en anglais, un compte escrow. Espérons que ce ne soit pas un avertissement dans la langue de Molière.
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