Hier, nous apprenions qu’une firme d’analyse comportementale à des fins politiques avait siphonné des données collectées sur Facebook par le truchement d’une application de quiz à visée universitaire. Les responsabilités des différents protagonistes de cette affaire sont encore à démêler, mais déjà Facebook et bien évidemment Cambridge Analytica subissent les conséquences de ces révélations.
Chute du titre
Le titre Facebook a chuté en bourse, perdant un peu plus de 7 % de sa valeur. Il est passé d’un pic à 185 dollars et est tombé à 170 dollars en clôture des marchés. À l’heure où ces lignes sont écrites, il est stabilisé à 172 dollars. La perte de capitalisation boursière se chiffre en pratique à 43 milliards de dollars.
La chute est impressionnante, mais elle se comprend : les autorités américaines et européennes demandent des comptes au géant du web sur sa politique liée aux données et veulent entendre le fin de mot de l’histoire. Si l’affaire aboutit sur de nouvelles régulations, les investisseurs craignent qu’elles nuisent au business model de Facebook à court terme.
Cela dit, l’inquiétude presque pavlovienne des marchés pourrait être de courte durée : dans ce scandale qui mêle politique et utilisation des données est marginalement lié à l’activité principale de Facebook qui est la vente d’espaces publicitaires — et des données liées pour faire du marketing ciblé. Ce n’est donc pas tant le détournement du système Facebook par Cambridge Analytica qui rapporte de l’argent au réseau social, mais l’achat, après-coup de campagnes publicitaires par ces firmes.
Enquête privée
Facebook a engagé la firme d’enquêteurs Stroz Friedberg pour analyser la manière dont Cambridge Analytica pourrait avoir siphonné et utilisé les données de ses utilisateurs. Ces données, qui auraient dû être détruites, ne l’ont pas été et Facebook entend bien savoir comment tout cela a pu se dérouler dans son dos — ou sous ses yeux, ce que l’enquête des autorités devra déterminer.
D’après Facebook, Cambridge Analytica a fourni un accès à ses serveurs et le chercheur qui a participé à la collecte a accepté un audit. Le but de Facebook est de pouvoir se défendre en mettant en avant le fait qu’il a été victime de Cambridge Analytica qui n’a pas respecté son contrat et non complice de la société d’analyse.
Sommet interne
Dans le même temps, Facebook serait en train d’organiser une réunion générale d’urgence avec tous ses employés, sur le modèle des questions ouvertes à la direction, afin de clarifier en interne les enjeux des révélations. Cette réunion est a priori la première sur le sujet tenue par Facebook, ce qui laisse entendre que même au sein de l’entreprise, les enquêtes sont des sujets de discussion.
Départ d’Alex Stamos, chef de la sécurité
Ce n’est pas vraiment lié à l’affaire Cambridge Analytica dans la mesure où le départ de Stamos était annoncé depuis décembre, mais l’officialisation de cette période de transition chez Facebook ne tombe peut-être pas au meilleur moment. Le chef de la sécurité était officiellement en désaccord avec la manière dont le réseau social a géré la crise de l’influence russe sur les élections américaines via Facebook. Stamos aurait commencé à enquêter sur l’influence russe dès 2016 et aurait poussé sa direction à plus de transparence sur le sujet — ce qu’elle aurait refusé de faire.
Stamos doit quitter l’entreprise en août et s’assurera de la transition.
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