Dans un rapport largement détaillé, l’organisme garant des droits de l’Homme interroge la responsabilité de Twitter dans le harcèlement et les violences faites aux femmes sur la plateforme à l’oiseau bleu.

Twitter ne protégerait pas les femmes. Pis, la plateforme serait pour elles des plus nocives. Après seize mois d’enquête aux États-Unis et au Royaume-Uni, Amnesty International publie son rapport sur les violences et le harcèlement subi par les femmes sur le célèbre réseau social. Riche en témoignages (86 au total, dont celui de la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon), l’étude apporte un verdict sans pareil :  pour elles, Twitter est « toxique ».

Le rapport se repose sur quatre enquêtes, deux qualitatives et deux quantitatives. Le but ? Comprendre, à travers les chiffres, confessions et tweets, les causes et conséquences de ces violences à l’égard des femmes, dans l’espoir de les réduire voire de les faire cesser. Sans surprise, les femmes les plus souvent ciblées par ces attaques sont les plus exposées (personnages publics, militantes, etc.).

Ainsi que les femmes issues des minorités : « L’étude souligne l’expérience particulière de violence et d’outrage subie sur Twitter par les femmes de couleur, de minorités ethniques ou religieuses, lesbiennes, bisexuelles ou transgenres (comme les personnes non binaires) et les femmes avec un handicap », rapporte l’ONGI. Mais plus que les individus, ce sont aussi certains sujets (comme le féminisme, pour n’en citer qu’un) qui invitent plus volontiers les belligérants à réagir.

Un manque de transparence

D’après l’organisation, Twitter ne prend pas les mesures nécessaires sur le sujet. Problème : son format encourage et entretient les réactions spontanées, rapides, et parfois (souvent ?) excessives. Impliquant in fine le silence ou l’autocensure des femmes, peu enclines à provoquer l’ire des autres internautes.

Toujours selon le rapport de 77 pages, ceci n’est que le reflet de l’inaptitude de Twitter à modérer rapidement et efficacement les différents posts. Même constat quant aux signalements de comptes nuisibles par les utilisateurs eux-mêmes, dont le traitement manque encore de rigueur et surtout de transparence.

« L’incohérence et l’inaction de Twitter pour faire respecter ses propres règles créent un manque de confiance dans le processus de signalement et laissent penser que Twitter ne prend pas au sérieux la violence et le harcèlement à l’égard des femmes, précise l’étude. À l’avenir, cet échec aura probablement pour effet de dissuader les femmes de réaliser signaler des comptes. »

Quelques pistes pour cesser les violences

Amnesty espère bien que Twitter saura renverser la vapeur, et lui soumet ainsi une cohorte de pistes à suivre. Dans un premier temps, et même avant toute chose, une application plus attentive de ses règles de modération. La plateforme doit, pêle-mêle, améliorer le processus de signalement des comptes nocifs, et être beaucoup plus explicite quant au traitement qu’elle leur réserve. L’organisation recommande également à la firme de partager des illustrations d’abus qu’elle ne peut tolérer, ainsi que des statistiques sur son temps de réaction.

Pour conclure sur une note plus positive, sans doute serait-il bon de rappeler que Twitter a déjà commencé à faire des efforts en musclant sa politique relative au contenu violent et haineux, si bien que la Commission européenne l’a promptement félicité en juin dernier. Au début du mois de mars, le PDG de Twitter Jack Dorsey a même interrogé les adeptes du réseau social pour réfléchir à un outil permettant de garantir des échanges dans un climat plus sain, où harcèlement et violences ne seraient plus qu’un lointain souvenir.

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