Pourquoi la voiture autonome d’Uber qui a heurté mortellement une passante aux États-Unis n’a-t-elle pas freiné à temps ou donné un coup de volant pour l’éviter ? Cette question demeure toujours sans réponse alors que se sont écoulés plusieurs jours depuis le terrible accident de circulation — et le premier du genre impliquant une piétonne et une automobile en situation de conduite automatique.
À supposer que le véhicule aurait été en mesure de faire une manœuvre d’urgence, il s’agit de localiser la défaillance : les capteurs équipant la voiture étaient-ils en parfait état de marche ? Si oui, est-ce que cela veut dire les signaux captés à travers eux ont été mal interprétés par le système de bord ? Y a-t-il eu un bug ? Les conditions de l’accident étaient-ils à ce point spécifiques pour entre le système inopérant ?
Cette technologie sert à repérer et évaluer la distance des obstacles à proximité en émettant des faisceaux lumineux. Sur une voiture autonome, elle sert à détecter tout ce qui se trouve dans l’environnement immédiat ou une distance plus ou moins étendue, que ce soit une voiture, un arbre, un piéton, un animal ou un quelconque objet ayant un certain volume.
Le magazine Forbes a pu s’entretenir avec les responsables de l’entreprise Velodyne, qui est spécialisée dans la télédétection par laser (Lidar — Light Detection And Ranging). Il s’avère que la société propose depuis plus de dix ans des équipements Lidar à l’industrie automobile. Le constructeur Ford avait notamment annoncé en 2016 un investissement dans Velodyne pour soutenir la production des capteurs.
D’après Velodyne, il est possible que le véhicule impliqué dans l’accident, une Volvo XC90, était équipé d’une de ses solutions matérielles. Pour autant, le groupe estime, sans réelle surprise, que « cet accident n’a pas été causé par le Lidar. Le problème se situe autre part » — quelle entreprise irait en effet s’incriminer alors que les investigations sont en cours et que la police semble estimer que la voiture n’est pas en tort ?
Normalement, déclare Velodyne, « notre Lidar est capable de visualiser clairement [la passante] et son vélo dans cette situation. Cependant, ce n’est pas notre Lidar qui prend la décision de freiner ou de s’écarter de la trajectoire. […] Nous ne savons pas quels capteurs étaient sur la voiture Uber ce soir-là, s’ils fonctionnaient ou comment ils étaient utilisés », ajoute la société.
, « Ce n’est pas notre Lidar qui prend la décision de freiner ou de s’écarter de la trajectoire »
Le XC90 n’est bien entendu pas uniquement équipé d’un Lidar. La voiture peut aussi compter sur des caméras, un dispositif GPS pour se positionner dans l’espace, et des lasers dispatchés autour du véhicule pour repérer tout ce qui s’approche. L’ensemble des données est ensuite mouliné par un logiciel conçu par Uber, afin de prendre une décision en fonction des signaux qui ont été collectés.
Dans ce dispositif, le Lidar a toutefois l’avantage de fonctionner de jour comme de nuit — il faisait nuit lorsque l’accident est survenu et la route était éclairée par intermittence –, alors qu’une simple caméra peut ne pas être d’une grande efficacité lorsque la pénombre règne. Cette solution n’a toutefois pas que des partisans. Le patron de Tesla y est farouchement hostile, la trouvant « cher, moche et pas nécessaire ».
Il est aussi à noter que certains véhicules, en particulier le modèle XC90, sont équipés en série de systèmes d’aide à la conduite. En particulier, la voiture utilisée par Uber est censée être dotée d’un système anti-collision de piéton. Était-il désactivé lors de ces tests ou tout simplement absent ? En effet, peut-être a-t-il été retiré pour faire de la place aux autres systèmes dédiés à la conduite autonome.
Pour l’instant, Velodyne n’a dépêché aucune équipe sur la zone de l’accident mais elle se tient naturellement à disposition des autorités compétentes si les besoins de l’enquête l’exigent.
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