Facebook ne pouvait pas faire autrement. Avec l’application imminente du Règlement général sur la protection des données et le récent scandale issu des révélations dans la presse sur les pratiques de l’entreprise britannique Cambridge Analytica, le réseau social se devait de réagir autrement que par des excuses publiques, car des actions fortes sont attendues sur le fond.
Cette société britannique est accusée d’avoir aspiré des quantités importantes de données personnelles appartenant à des membres de Facebook, via une application tierce, à des fins politiques. Or, les finalités de cette collecte n’ont jamais été clairement mentionnées au préalable.
Facebook avait déjà commencé à apporter des réponses à ces attentes.
D’abord sur son profil puis dans les médias, Mark Zuckerberg a ainsi évoqué la façon dont il comptait empêcher un nouveau détournement du site en donnant les pistes que son groupe compte suivre en interne, comme des recrutements, et en se disant ouvert à d’aitres mesures, mais qui ne sont pas de son ressort, comme une régulation du marché publicitaire.
La réponse du réseau social se poursuit cette fois avec une prise de parole d’Erin Egan, la responsable de la protection de la vie privée sur Facebook, et Ashlie Beringer, son avocate générale adjointe,
« La semaine dernière a montré à quel point il nous reste du pain sur la planche pour faire respecter nos politiques et aider les gens à comprendre le fonctionnement de Facebook et les choix qui s’offrent à eux en matière de données. Nous avons entendu distinctement que les paramètres de confidentialité et les autres outils importants sont trop difficiles à trouver et que nous devons faire plus pour tenir le public informé ».
Par exemple, depuis l’application mobile de Facebook, les membres du réseau social auront maintenant tous les réglages réunis sur une seule page au lieu de devoir passer à travers une vingtaine d’écrans différents pour tout paramétrer. Il est à noter que ce n’est pas une mesure prise en réaction à l’affaire Cambridge Analytica : en effet, ce tableau de bord simplifié était déjà évoqué fin janvier par le groupe.
« La plupart de ces mises à jour sont en chantier depuis un certain temps, mais les événements des derniers jours en soulignent l’importance », admettent d’ailleurs Erin Egan et Ashlie Beringer. On ne sait pas à quel moment Facebook comptait initialement présenter ces modifications. Une chose est sûre, le réseau social les a annoncées en plein scandale sur Cambridge Analytica et peut les présenter comme une autre facette de sa réponse.
Il est aussi prévu de créer, dans le menu du site, un raccourci permettant d’accéder rapidement aux options sur la protection du compte (pour ajouter des couches de sécurité, comme la double authentification), sur la personnalisation des publicités ciblées et leur fonctionnement, ainsi que sur la confidentialité des publications sur le réseau social (qui peut voir quoi, en somme).
Sur les données des utilisateurs à proprement parler, Facebook indique annonce aussi des modifications d’interface pour faciliter la gestion de ses informations, qu’il s’agisse de les trouver, de les visualiser, de les télécharger (pour les exporter ailleurs, par exemple) ou pour les supprimer, tout simplement. « Ce sont vos données, après tout », disent les représentantes du réseau social.
L’arrivée du Règlement général sur la protection des données est aussi un moteur qui pousse Facebook à ajuster sa politique. L’entreprise américaine estime qu’elle sera prête pour le jour J, le 25 mai. De lourdes amendes administratives pourraient sinon lui tomber dessus.
Après 14 ans d’existence, c’est bien que Facebook s’en rende compte.
Facebook compte aussi mettre à jour ses conditions d’utilisation dans les prochaines semaines, afin de refléter les « engagements » du réseau social sur les données et leur utilisation, afin que les formulations du site soient plus simples et plus compréhensibles pour le grand public. Selon l’horodatage du site, la dernière révision de ces règles date du 9 décembre 2016.
« Nous mettrons à jour notre politique en matière de données afin de mieux préciser les données que nous recueillons et la façon dont nous les utilisons. Ces mises à jour portent sur la transparence et non pas sur l’obtention de nouveaux droits de collecte, d’utilisation ou de partage des données », annoncent donc Erin Egan et Ashlie Beringer. Pour autant, pas question de renoncer aux données personnelles, l’or noir de notre temps.
En début d’année, Mark Zuckerberg se lançait comme défi personnel de réparer Facebook. Le chantier promet d’être pharaonique.
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