Mise à jour – C’est fait : le tribunal chargé du dossier a ordonné le blocage de l’application de messagerie Telegram sur le territoire russe
Sujet du 9 avril – L’horizon s’assombrit pour Telegram en Russie. Vendredi 6 avril, le Service fédéral de supervision des communications, des technologies de l’information et des médias a en effet mis ses menaces à exécution, en déposant une plainte auprès d’un tribunal russe. But de la manœuvre ? Bloquer l’application de messagerie instantanée, faute pour elle d’avoir répondu favorablement à un ultimatum.
En l’espèce, l’autorité russe compétente, le Roskomnadzor, avait laissé quinze jours à Telegram pour qu’il transmette aux autorités les moyens permettant de lire en clair les communications chiffrées qui transitent par la plateforme. Cette demande vient plus spécifiquement du service fédéral de sécurité, le FSB (ex-KGB). Si elle est rejetée, alors Telegram pourra être bloqué sur le territoire russe.
Bataille autour des clés
C’est ce scénario qui est en train de se jouer, autour d’une discorde sur la nature des messages qui sont échangés sur Telegram. Pour Telegram, la transmission des clés de déchiffrement au FSB revient à compromettre la confidentialité des échanges et donc à violer le secret des correspondances. Le FSB, lui, soutient que ces contenus ne figurent pas dans ce domaine et que les règles ne s’y appliquent.
Pavel Durov, le cofondateur de la messagerie, n’a pas réagi publiquement à la plainte du Roskomnadzor. Cependant, le 20 mars, au début de l’ultimatum, l’intéressé déclarait sur Twitter que « les menaces de bloquer Telegram s’il ne communique pas les données privées de ses utilisateurs ne porteront pas leurs fruits. Telegram se dressera en faveur de la liberté et de la vie privée ».
Du chiffrement spécifique
Il convient de rappeler que la demande du FSB vise les discussions survenant via le mode Secret Chat, puisque c’est avec cette option que le chiffrement de bout en bout est actif. Pour le reste, « Telegram n’effectue aucun chiffrement pour les messages de groupe, même s’il se présente sous la forme d’un messagerie chiffrée », rappelait Moxie Marlinspike, le concepteur du protocole Signal, une solution rivale.
En principe, Telegram n’est pas censé connaître les clés servant à faire du chiffrement de bout en bout, puisque celles-ci sont générées par et en possession des personnes figurant dans la conversation. Telegram n’est donc en théorie pas capable de répondre à la demande du FSB, sauf à supposer qu’il existe une porte dérobée dans la messagerie ou que l’implémentation du protocole est bancale.
Mais cela reste à prouver.
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