Le New York Times affirme que Universal Music, Sony BMG et Warner Music ont toutes les trois investi dans YouTube, juste avant son rachat par Google. Collectivement, elles devraient recevoir environ 50 millions de dollars grâce à la transaction.

Lorsque Napster est arrivé en 1999 pour chambouler une grande partie de l’économie du disque, les maisons de disques ont tout fait pour tuer le chat électonique. Seul BMG avait senti l’opportunité et proposer 85 millions de dollars pour transformer Napster en poule aux oeux d’or. Mais Universal et EMI n’avaient pas apprécié, et ont porté plainte contre leur consoeur. Universal n’a abandonné ses poursuites que très récemment, après avoir racheté BMG Music Publishing, et EMI est toujours en procès.

Cette dernière, c’est sûr, n’a pas changé d’idée en six ans. Si l’on en croit le New York Times, EMI est la seule à ne pas avoir conclu d’accord avec YouTube et à ne pas avoir pris d’intérêt dans la société. Universal, Warner et Sony BMG auraient toutes pris des parts avant l’acquisition par Google, et devraient déjà se partager 50 millions de dollars. Ils bénéficieront en outre d’un partage des revenus publicitaires générés par leurs contenus ou par les œuvres dérivées de leurs contenus.

Aujourd’hui YouTube est pourtant dans une situation juridique très proche de celle qui a coûté la vie à Napster en 2001. Le site établie une grande partie de sa notoriété sur des contenus envoyés par les utilisateurs, qui sont en réalité des œuvres produites par des maisons de disques ou des studios de cinéma. Lorsque la justice a condamné Napster, elle avait exigé un niveau d’efficacité de 100 % du filtrage des œuvres échangées, pour que plus aucune œuvre protégée ne soit échangée illégalement sur le réseau P2P. Aujourd’hui YouTube est très loin de ce rendement maximal, et le système de filtrage n’existe encore que sur le papier. Les accords signés avec YouTube doivent mettre Google à l’abris de plaintes des trois majors. Mais quelle sera l’attitude d’EMI, et celle des autres ayant droits qui eux aussi peuvent se sentir lésés par YouTube ?

Auront-ils la même attitude qu’avaient eu Universal et EMI à l’encontre de BMG face à Napster ?

La prise d’intérêts dans YouTube par les trois maisons de disques fait par ailleurs peser un grand aléa sur le sort des sites concurrents. Universal a déjà dégainé cette semaine contre Bolt et Grouper, accusés d’avoir laissé sur leur site de vidéo communautaire des clips d’artistes comme Mariah Carey, 50 Cent ou Black Eyed Peas. Elles posent également des questions sur le sort du service de Microsoft, Soapbox. Si Universal, Warner et Sony BMG ont des intérêts capitalistiques dans YouTube, accepteront-ils de négocier avec le site concurrent créé par Microsoft ?

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