Une étude menée par les chercheurs Erik Peper et Richard Harvey, et publiée ce 31 mars 2018, vient confirmer ce que nous savions déjà : les smartphones monopoliseraient notre attention, nous déconcentreraient et nous isoleraient. Leur usage a d’ailleurs si bien pénétré nos mœurs que le terme nomophobie lui est même dédié, pour parler de la peur excessive d’être séparé de son téléphone portable.
Dans l’introduction, Erik Peper explique combien il s’est senti émotionnellement perdu le jour où il a laissé son téléphone chez lui, ayant toujours l’envie et le réflexe de vouloir vérifier ses notifications. Seul et profitant de la vue de la baie de San Francisco, une autre idée lui vient pour son article : « L’importance de prendre le temps de réfléchir et permettre la régénération neuronale. »
Une addiction similaire à l’opium
Il observe ensuite ses étudiants ; en classe, en pause, dans les couloirs, à table, dans n’importe quelle situation la majorité adopte la même position du iNeck = la tête baissée sur leur téléphone à taper, scroller ou cliquer.
Les chercheurs mènent alors un sondage auprès de 135 étudiants, et le résultat est sans appel : ceux qui utilisent le plus leur téléphone enregistrent les plus importants degrés d’anxiété. Ils mettent ensuite en évidence que l’addiction au smartphone forme des connexions neuronales similaires à celles de l’addiction à l’opium, expérimentée sur les personnes prenant de l’oxycodone pour soulager leur douleur.
Ils remarquent également que les étudiants sont constamment en train de faire plusieurs choses à la fois : regarder leur téléphone en travaillant, manger en étant en classe… Cela conduit au phénomène de semi-tasking : où l’on fait deux-trois choses à la fois au lieu d’être plus productif sur une seule. Aussi, cette sempiternelle activité de veille ne permet pas ni au corps ni à l’esprit de se régénérer.
Un « piège évolutionnaire »
Pour autant, les chercheurs se refusent à blâmer les personnes souffrant de cette addiction. Ils l’imputent aux entreprises tech et à leur quête de parts de marché en exploitant nos réactions de survie. Erik Peper et Richard Harvey parlent de : « piège évolutionnaire ».
Ils formulent cette notion dans un plus long paragraphe en expliquant que les stimulations visuelles (les notifications) déclenchent chez nous certains réflexes naturels, tout spécialement lorsque ces stimulations se trouvent dans notre vision périphérique qui peuvent alors s’assimiler à une menace : « Cela pourrait être le tigre tapi dans l’ombre, ou un potentiel ennemi. » Les auteurs de l’étude conseillent plusieurs mesures détox : stopper les notifications sans importance, planifier les heures où l’on compte répondre aux mails et réseaux sociaux, faire des jeux ne requérant pas de téléphone, etc.
En janvier 2018, nous avons mené un sondage auprès de 3000 Français et Françaises à propos du stress et de la déconcentration engendrés par l’usage du smartphone. Les 25-54 ans étaient 32 % à affirmer ressentir du stress en rapport aux notifications. Le gouvernement français prévoit toujours d’interdire les téléphones portables dans les écoles et collèges.
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