L’accord est historique puisque pour la première fois l’industrie du disque reconnaît implicitement qu’elle ne peut pas vivre de sa seule musique dans l’univers numérique. Microsoft, qui s’apprête avec le Zune à entrer en compétition avec l’iPod d’Apple, a annoncé qu’il reversera une part du montant de la vente de ses baladeurs à la maison de disques Universal Music. Il précise qu’il est ouvert à un accord du même type avec toutes les majors.
C’est semble-t-il Universal qui a fait pression sur Microsoft pour obtenir un accord de cette nature, en menaçant le géant de Redmond de ne pas lui concéder de droits sur son catalogue sans cette contrepartie. Il s’agit d’un changement important dans l’industrie, qui montre le regard que porte Universal Music sur les centaines de millions de dollars réalisés par Apple grâce à la vente de ses iPod. ITunes ne suffit pas et le numéro un mondial de la musique aimerait bien sa part du gateau hardware.
Les détails de l’accord restent flous mais le New York Times indique qu’Universal devrait recevoir plus de 1 dollar par unité vendue à 250 dollars aux Etats-Unis.
L’accord ne peut qu’éveiller les souvenirs de la licence globale, où toute la stratégie refusée par l’industrie du disque était d’aller prélever l’argent de la musique là où il a tendance à se déplacer : sur les nouvelles technologies. Il est très difficile dans un univers numérique dématérialisé et mis en réseau de vendre de la musique pour elle-même. Dans cet univers, la gratuité est la normalité et le paiement une anomalie. Or les sommes qui étaient autrefois versées directement à la musique sont désormais réservées pour les services et produits qui tirent leur valeur de la musique et de la vidéo. Il s’agit bien sûr des baladeurs MP3, mais aussi pour partie des accès haut-débit à Internet, des téléviseurs, des supports vierges d’enregistrement, des ordinateurs, etc., etc.
Par ces accords contractuels, Universal reproduit l’idée de la licence globale de façon totalement privée, et à son avantage. La maison de disques a annoncé que 50 % des sommes reçues iraient aux artistes (avec quelles clés de répartition ?), alors qu’avec la licence globale – si elle s’inspirait de la taxe pour copie privée, seulement 25 % des sommes auraient été réservées aux maisons de disques. Et bien sûr, les petits labels auront beaucoup de mal (c’est un euphémisme) à négocier des accords similaires avec Microsoft.
Sous prétexte de protéger les artistes, c’est en réalité les grandes maisons de disques qui se sont protégées en refusant la licence globale. Les « petits », eux, exlus des accords privés et laissés au second plan des plate-formes de vente en ligne, continueront à ne rien vendre et à ne rien toucher…
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