Les bonnes vieilles bobines de cinéma sont de l’histoire ancienne. Ou plutôt elles le seront bientôt. Comme nous le notions en septembre, seulement 1 % des salles de cinéma dans le monde sont aujourd’hui équipées de projecteurs numériques pour se passer des pellicules du Cinema Paradiso. Mais le rythme s’accélère à grande vitesse car les enjeux financiers sont très importants. Actuellement, chaque copie de film envoyée à un distributeur coûte entre 1500 et 2000 euros. Un film comme Casino Royal compte près de 750 copies rien que pour la France, soit un budget de plus d’un million d’euros uniquement pour distribuer le film dans les salles de cinéma. Les plus petits films doivent tout de même approcher les 100 copies s’ils veulent espérer un petit succès public. La note est loin d’être transparente pour le producteur, et oblige à limiter les risques donc la diversité dans les salles.
Avec le numérique, les coûts sont d’ores-et-déjà très réduits. Les films ne sont plus posés sur des pellicules coûteuses mais copiés sur des disques durs dont le contenu est protégé avec un DRM. Mais l’avenir est à la dématérialisation totale. Les films devront être envoyés depuis un serveur vers les salles de cinéma, à un coût quasiment nul. Et pour faire baisser les coûts au maximum et augmenter la rapidité de diffusion, le P2P s’avère un excellent choix.
La société Swarmcast vient ainsi de soulever 5 millions de dollars auprès de fonds d’investissement japonais pour distribuer les films haute-définition dans les salles de cinéma grâce à des technologies P2P sécurisées. Fondée par Justin Chapweske, Swarcast avait dès les années 1990 inventé le principe de la distribution morcellée (swarming) sur lequel se basent des logiciels très populaires comme eMule ou BitTorrent. Mais alors que ces derniers se sont concentrés sur les applications grand public du P2P, Swarcast a très vite misé sur les applications industrielles et en particulier sur la vidéo à la demande et le cinéma haute-définition.
Pour répondre aux standards de qualité imposés par l’industrie du cinéma, une seule heure de film nécessite 200 Go de vidéo. Avec une connexion à 100 Mbps, il faut compter moins de 10 heures pour distribuer un film de 250 Go. « Sans la technologie P2P la distribution en ligne serait pratiquement impossible, imaginez 1000 exploitants qui téléchargent un film de 250 Go depuis un seul et même serveur« , résume TorrentFreak.
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