Les conditions dans lesquelles s’est produit l’accident mortel impliquant une voiture autonome mise en circulation par Uber commencent à s’éclaircir. Alors que la société américaine a depuis la collision fatale décidé de suspendre jusqu’à nouvel ordre tous ses tests de conduite par système informatique, le Conseil national de la sécurité des transports (NTSB) a rédigé un rapport préliminaire sur l’affaire.
Que dit-il ? Que la vie de la piétonne aurait peut-être pu être sauvée si le véhicule du géant du VTC avait laissé le système de freinage d’urgence en place, au lieu de le désactiver. Car le système de bord avait bien détecté la passante environ 6 secondes avant le choc, un délai assez long pour que l’ordinateur évalue le risque de la percuter et décide de freiner pour au moins atténuer l’impact.
« Le logiciel du système de conduite autonome a classé la piétonne comme un objet inconnu, puis comme un véhicule, puis enfin comme un vélo avec des possibilités variables quant à la trajectoire future », lit-on dans le rapport, dont Reuters se fait l’écho. Ce n’est qu’à 1,3 seconde de la collision que le système a déterminé qu’un freinage d’urgence était nécessaire pour limiter les dégâts.
Alors que la police estimait au départ qu’Uber n’était probablement pas en tort dans ce dossier, publiant au passage une vidéo montrant la collision donnant l’impression que la passante a semblé surgir de nulle part au dernier moment, l’enquête conduite par le régulateur des transports américain place Uber dans une situation de plus en plus inconfortable.
Reste une question : pourquoi Uber a-t-il désactivé le système de freinage d’urgence, qui est pourtant un dispositif critique d’un véhicule — il ne s’agit pas ici de se priver de l’air climatisé ou de l’autoradio ? Selon Uber, cette désactivation se produit lorsque l’auto est sous le contrôle du système de bord, « afin de réduire de potentiels comportements erratiques du véhicule ». Rassurant.
Il est toutefois à noter que le rapport du NTSB dresse aussi un profil particulier de la piétonne qui a perdu la vie. Elle était ainsi vêtue de vêtements sombres alors qu’il faisait nuit, ne regardait pas en direction du véhicule jusqu’au moment de l’accident et traversait la route à une section n’étant pas directement illuminée par l’éclairage urbain. Une traversée qui s’est déroulée en dehors d’un passage pour piéton.
Le rapport précise qu’il y avait des panneaux aux alentours indiquant qu’il faut traverser à ces endroits. Quant au vélo, il n’avait pas non plus de réflecteurs latéraux et ceux situés à l’avant et à l’arrière n’étaient pas visibles puisque le vélo était orienté perpendiculairement à la trajectoire de la voiture. Enfin, des tests toxicologiques sur la victime se sont révélés positifs à la méthamphétamine et à la marijuana.
Le rapport préliminaire se garde bien de dire la cause exacte de la collision ou d’établir les responsabilités des uns et des autres. Cela étant, le profil de la passante ne devrait pas servir à Uber, qui souhaite pouvoir reprendre ses tests dans les prochains mois, d’excuse au fait qu’un système critique de conduite était inactif alors que, justement, il doit être immédiatement disponible pour gérer les aléas de la route.
C’est d’autant plus vrai que la voiture autonome est présentée comme l’avenir de la sécurité routière. De toute évidence, Uber va redevoir retravailler ses algorithmes de conduite parce qu’il est anormal de gérer de « potentiels comportements erratiques du véhicule » en coupant l’un des systèmes les plus essentiels d’une voiture, qu’elle soit autonome ou non d’ailleurs.
C’est un problème de plus pour Uber, qui semble avoir des difficultés particulières dans la voiture autonome. La publication de ce rapport préliminaire, en attendant un rapport plus complet du NTSB, devrait en tout cas conduire l’entreprise américaine à faire un certain nombre d’annonces dans les jours et les semaines qui viennent, notamment dans la façon dont son programme est conduit.
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