Ceci peut paraître surprenant, mais le gouvernement américain semble bien décidé à imposer un nouveau type de réseau peer-to-peer dans les prochaines années, lequel garantirait anonymat, sécurité et rapidité de l’information. Baptisé IRIS, le projet est déjà entre autres pris en charge par le MIT, qui s’est vu doté d’une aide de $12 million par la National Science Foundation.

IRIS est l’acronyme pour Infrastructure for Resilient Internet Systems. Derrière cette dénomination quelque peu obscure se cache une nouvelle infrastructure réseau, basée sur un système de tables de Hash distribuées (les DHTs), qui devrait permettre de créer un réseau peer-to-peer parfaitement extensible. Parfaitement, car le système logarithmique utilisé permettra en théorie d’étendre à l’infini le réseau sans en altérer ses caractéristiques intrinsèques que sont la rapidité d’accès, la sécurité, l’anonymat, et la disponibilité des informations.

Le but à terme est d’apporter une toute nouvelle gestion du réseau Internet dans sa globalité. Les chercheurs sont ainsi partis d’une simple constatation selon laquelle l’architecture actuelle d’Internet était très dépendante de la qualité des bandes passantes qui accueillent les internautes. IRIS, en distribuant le contenu Internet à l’ensemble des utilisateurs, devrait ainsi permettre d’éviter ce qu’on a coutume d’appeler « l’effet Slashdot » (saturation d’un site par une forte affluence passagère due, par exemple, à la diffusion d’une news), mais surtout les attaques DOS (Denial of Service) dont la menace a pris une autre ampleur par le P2P avec le récent Slapper (voir notre actualité du 18 septembre 2002).

Trois critères d’IRIS seraient toujours garantis :

  • Tant qu’il n’y a pas de cassure physique sur le réseau, le fichier recherché pourra toujours être trouvé
  • Ajouter plus d’informations sur le réseau n’affectera pas ses performances
  • Des machines peuvent être ajoutées ou enlevées du réseau sans incidence particulière

D’après Hari Balakrishnan, un des principaux chercheurs du MIT (le très prestigieux Institut de Technologie du Massachusetts) sur ce projet, « aucun réseau unique ne rassemble encore ces trois caractéristiques ».

Sur cinq ans, cinq instituts de recherche devraient travailler sur IRIS, dont le MIT et l’Université de Californie à Berkley, le tout avec une aide conséquente de $12 million de dollars.

Balakrishnan espère, à juste titre, qu’IRIS sera plus qu’un simple outil d’échanges de fichiers. Depuis le temps que nous répétons dans ces colonnes que l’échange de fichiers n’est que la partie visible de l’iceberg du P2P, ces paroles nous font chaud au coeur… Et lorsqu’on lui demande s’il n’a pas peur de favoriser l’échange de fichiers illégaux, Balakrishnan répond : « Comment empêcher les gens de faire de mauvaises choses ? Je ne pense pas que ça soit un problème technique. »

En y regardant d’un peu plus près, on s’aperçoit que David Mazières participe aux travaux de recherches. Ce nom ne vous dit certainement pas grand chose, mais il s’agit pourtant de la personne qui a mis au point, sur cette base, le réseau Kademlia, lui-même à l’origine de VARVAR (mais si, rappelez-vous…).

Le tout est open-source, ce qui mettra tout de suite un terme aux éventuels critiques nées du fait que le projet émane du gouvernement américain… Comme quoi, tout n’est parfois pas si mauvais chez M.Bush… parfois.

Pour plus d’informations :
Le site officiel d’IRIS
Le cahier des charges
Un article du New Scientist

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