Evan Spiegel a la langue aussi pendue que le filtre chien quand il s’agit d’ironiser sur la protection des données privées. Mais était-ce vraiment pertinent ? Nous avons regardé les conditions d’utilisation de Snapchat.

Le frat boy Evan Spiegel, jeune fondateur de Snapchat, n’a pas hésité à décocher une petite flèche dans le genou de Facebook lors de la conférence Code 2018 à laquelle il était conviée. Quand on lui demande ce qu’il pense de la copie de Facebook des stories de Snapchat, notamment sur Instagram, Spiegel n’hésite pas à être piquant : « Nous apprécierions qu’ils copient nos pratiques liées à la protection des données », a-t-il lancé, faisant référence, sans doute, à l’affaire Cambridge Analytica et au fonctionnement même de Facebook.

Snapchat, chevalier de la vie privée ?

Les fins observateurs du monde de la tech auraient de quoi s’avaler de travers en lisant ces mots. En effet, si la guéguerre Snapchat / Facebook est connue, et se base au fond sur des fonctionnalités clonées à droite à gauche, la blague d’Evan Spiegel n’était peut-être pas la meilleure, compte tenu de ce que son service propose.

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On se souvient par exemple des craintes liées à la Snap Map. Quand vous activez une première la Snap Map, rien ne vous explique précisément son fonctionnement : grosso-modo, vous consentez à ce que chaque personne dans votre liste d’amis sache où vous êtes à chaque fois que vous ouvrez Snapchat, pas seulement quand vous publiez un Snap. Sans parler du fait que les stories publiques permettaient au départ de géolocaliser bien trop précisément des utilisateurs et que le fonctionnement le moins intrusif reste le partage d’une position d’un utilisateur et ce qu’il voit au reste du monde.

Si on s’attarde un peu plus sur les conditions générales d’utilisation de Snapchat, qui ont le mérite d’être écrites dans un français clair, on s’aperçoit que le fonctionnement de Snapchat n’est pas si éloigné de celui de Facebook : collecte des données à des fins publicitaires, géolocalisation, partage de données sur vous venant de tiers, partage de vos données avec des tiers, accès au répertoire et à l’appareil photo de vos smartphones, partage de vos données avec d’autres applications possédées par Snap Inc. (Bitmoji)… Bref, on retrouve tout le package de collecte de données d’un réseau social dont le business model est fondé sur la publicité. Pas de quoi rougir, business is business, mais pas de quoi faire le paon non plus.

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Une petite dernière ? Snapchat n’a pas mis à jour sa politique de confidentialité et sa page liée aux cookies depuis septembre 2017. Le site web de l’application n’est donc pas conforme RGPD, ne laissant aucun choix à l’utilisateur sur la collecte ou non des informations personnelles à des fins techniques, publicitaires ou de mesure d’audience.

Cette fois, peut-être qu’Evan Spiegel aurait dû se taire.

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