Vous vous souvenez du projet Natick de Microsoft consistant à immerger des centres de traitement de données (data centers) ? Les expérimentations pour la phase 2 ont débuté au large de l’Écosse, près des îles Orcades, dans la mer du Nord. Depuis le 1er juin, un prototype est testé au sein du Centre européen de l’énergie marine, pour profiter des conditions particulières de la zone.
L’objectif du projet Natick est de profiter de l’énergie issue du milieu marin pour effectuer deux tâches : d’abord le refroidissement des installations, selon le principe du water cooling, une pratique qui consiste à faire circuler l’eau de façon à évacuer la chaleur dégagée par les composants informatiques ; ensuite l’alimentation en électricité, en profitant des courants, ce qui évite de chercher une source extérieure, a fortiori qui n’est pas d’origine renouvelable.
Réduire la latence
Enfin, le troisième intérêt du projet Natick est de rapprocher les data centers des zones où vivent les populations. Constatant que la moitié des individus vit près des côtes, Microsoft considère que c’est au niveau du rivage que les centres de traitement de données doivent être positionnés, afin de diminuer la distance — et donc la latence — entre le lieu où sont les données et les internautes.
« La moitié de la population mondiale vit à moins de 200 km de l’océan », observe Microsoft. « Les signaux parcourent environ 200 km/milliseconde sur Internet, donc si vous êtes à 200 km, un aller-retour au centre de données prend environ 2 millisecondes, mais si vous êtes à 4 000 km, chaque aller-retour prend 40 millisecondes ». Pour le jeu en ligne par exemple, cet écart n’est pas insignifiant.
Immersion accrue
Si Microsoft a déjà eu l’occasion de tester le projet Natick sous l’eau, notamment lors d’une campagne d’essais de 4 mois à 10 mètres de profondeur et à un kilomètre des côtes américaines, la phase 2 consiste à repousser les limites de l’expérimentation avec une mise à l’eau jusqu’à 12 milles marins (environ 22 kilomètres) et à une profondeur maximale de 100 mètres.
Durant cette phase 2, l’entreprise américaine estime pouvoir démontrer le fonctionnement de son data center pendant un cycle de déploiement pouvant aller jusqu’à cinq ans et sans nécessiter de maintenance particulière. Ce travail est accompli en partenariat avec Naval Group, une entreprise française spécialisée dans l’industrie navale et les énergies marines renouvelables.
Détecter les défauts
Microsoft dit avoir confirmé sa capacité « à fabriquer économiquement des modules de centres de données sous-marins à grande échelle et à les déployer en moins de 90 jours à partir de la décision jusqu’à la mise sous tension ». Maintenant, il s’agit de mettre au jour « des problèmes de conception et d’exploitation qui pourraient nécessiter d’autres améliorations après le déploiement ».
La détection de ces défauts est une étape cruciale avant d’imaginer une production à plus grande échelle du projet Natick, même si l’on est encore très loin de la phase industrielle et du moment où ces capsules étanches remplaceront les centres de données qui sont à terre. Pour l’heure, un effort important est accompli pour rendre ces installations moins énergivores et les faire reposer sur des sources d’énergie renouvelables.
Pour l’heure, le prototype de Microsoft est toujours physiquement connecté à une source d’énergie renouvelable à terre — celle-ci étant toutefois issue des courants marins et des vents. À terme, bien sûr, l’entreprise espère pouvoir aboutir à un dispositif capable de générer de l’électricité directement depuis son environnement, sans avoir besoin d’être connecté à un réseau électrique déjà en place.
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