20 Minutes consacre dans son édition du jour (.pdf) une pleine page au Midem et à la crise de la filière musicale. Alors que les internautes et les maisons de disques s’étaient férocement opposés pendant l’examen de la loi DADVSI, et alors que les plaintes pleuvaient contre les P2Pistes, les deux antipôles semblent se rejoindre autour d’une même tête de Turc : Renaud Donnedieu de Vabres.
« Pour son dernier Midem en tant que ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres a fait l’unanimité contre lui », rapporte 20 Minutes. Le quotidien écrit que « la filière lui reproche sa loi sur les droits d’auteur liés au numérique qui ne satisfait personne et son incapacité à jouer son rôle de régulateur ». Jean-Louis Debré avait dit l’an dernier du ministre de la Culture qu’il était « un nul qui nous a mis dans la merde ». L’industrie ne le soutient même plus. « Nous n’avons jamais eu un ministre aussi incompétent », témoigne dans le journal un représentant anonyme de l’industrie musicale.
Il faut dire que RDDV, qui a prôné des accords privés pour tout, a échoué aussi bien dans les accords sur les intermittants du spectacle que dans la reconduction de l’accord sur la VOD entre FAI et professionnels du cinéma. L’Autorité de régulation des mesures techniques (ARMT), tant attendue par les professionnels qui veulent encore croire au miracle de l’interopérabilité des DRM, n’est toujours pas créée.
RDDV face aux électeurs en juin 2007
Pour sa défense, Renaud Donnedieu de Vabres pourra dire qu’il n’a pas été aidé par une industrie en rejet de toute évolution positive. « Les politiques n’ont pas pris les bonnes décisions au bon moment », écrit 20 Minutes. Mais les politiques ont pris les décisions que réclamaient les industries culturelles à ce moment là. Ils n’ont fait qu’écouter les lobbys du disque et du cinéma qui réclamaient protection des DRM et répression contre les internautes au moment même où les DRM montraient leur totale inaptitude à relancer le marché du disque. Le ministre a pêché d’avoir compris trop tard le poids et les arguments des consommateurs et des internautes, et d’avoir négligé les véritables enjeux dissimulés par les interlocuteurs quotidiens du ministère de la Culture. S’il faut reconnaître une qualité à Renaud Donnedieu de Vabres, c’est celle d’avoir eu le courage d’affronter de plein fouet un dossier qui était resté comme une patate chaude dans la rue de Valois depuis le gouvernement Jospin. Mais la façon dont RDDV a traité ce dossier, avec le plus grand mépris pour les institutions et pour la société civile, a probablement tracé un trait sur ses (paraît-il « grandes ») ambitions politiques.
Lui qui a été condamné en 2004 à 15.000 euros d’amende pour blanchiement d’argent devra à nouveau affronter les électeurs en juin (s’il se représente) dans sa circonscription d’Indre-et-Loire. On sait les Français peu soucieux des « affaires » au moment des élections. Mais peut-être seront-ils moins sourds aux innombrables critiques encaissées par le ministre depuis plus d’un an.
L’un de ses principaux opposants politiques, au moins sur le terrain de la loi DADVSI, a été François Bayrou. Ironique lorsque l’on se souvient que Renaud Donnedieu de Vabres était encore à l’UDF en 2002, avant qu’il ne s’éloigne du président du parti du Centre pour lui préférer Jacques Chirac.
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