Au jeu du chat et de la souris, qui est le plus fort et le plus rapide ? D’un côté, la MPAA et la RIAA avec leurs employés et sous-traitants. De l’autre, des millions d’utilisateurs et des passionnés prêts à tout pour continuer à échanger des fichiers. La bataille est déséquilibrée et le sera toujours.
L’une des techniques mises au point par les industries culturelles pour lutter contre le P2P est la dissemination de « fakes », ces fichiers leurres qui portent un nom trompeur et qui ne contiennent pas ce qu’ils sont censés contenir. Ils existent au moins depuis 2002 sur des réseaux populaires comme eDonkey, et bien que les chiffres croissants du P2P ont montré qu’ils ne servaient pas à grand chose, ils se sont exportés sur les trackers BitTorrent. Pour appâter les pirates, les sociétés spécialisées dans les fakes utilisent des noms de fichiers plus vrais que nature, comme « The Fast and the Furious Tokyo Drift REPACK DVDRip-Chakra ». Les trackers aussi sont criants de vérité avec des noms tels que dirtydevils.cyberbox.com.br ou bittorrent.isthebe.st. Mais le maquillage ne suffit pas à se camoufler.
Tout comme eMule ou plus récemment WinMX, la communauté s’est vite organisée et l’effet des fakes reste très limité.
Le site Fenopy.com s’est ainsi amusé à lister les faux Torrents et les faux trackers dans son FakeTracker, un site qui référence plus de 1500 « fakes ». Il offre un classement des leurres les plus populaires, la liste étant reprise sans mal par des outils de filtrage qui évitent à l’utilisateur de BitTorrent d’avoir à s’en soucier. Un logiciel comme PeerGuardian agit ainsi comme un pare-feu et interdit aux applications de se connecter aux faux trackers, qui profitent des connexions pour logger les adresses IP des utilisateurs.
Si l’industrie veut se débarasser du piratage, les fakes ne sont pas la bonne solution. La seule et unique solution viable contre le piratage sera de favoriser l’émergence de services légaux de qualité, pour lesquels les internautes seront prêts à payer. Le succès des newsgroups payants montre qu’il existe aussi chez les pirates un certain consentement à payer, et que même ce qui est gratuit peut être concurrencé…
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